Le ministre français des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian s’est dit inquiet mardi au sujet du Cameroun confronté à de nombreuses crises. Un message pas apprécié par Yaoundé qui a indiqué à ses partenaires de ne pas s’immiscer dans ses affaires internes.
Dialogue de sourds entre Yaoundé et Paris au sujet de la situation au Cameroun.
La situation du Cameroun préoccupe la France. Telle est la quintessence de l’intervention du chef de la diplomatie française. Jean-Yves Le Drian était auditionné mardi par la Commission des affaires étrangères de l’assemblée nationale français. Le diplomate français s’est notamment exprimé sur la crise dans les régions du Nord-ouest et du Sud-ouest. Il a également appelé à la libération de l’opposant Maurice Kamto, arrivé deuxième lors du dernier scrutin présidentiel.
« Dans les régions anglophones du Cameroun, la situation continue de se dégrader. Les pertes en vies humaines sont de plus en plus lourdes », a déclaré Jean-Yves Le Drain devant les parlementaires. « Nous souhaitons que cette figure importante du Cameroun puisse être libérée, a-t-il ajouté au sujet de Maurice Kamto. Nous faisons pression régulièrement, fortement. Y compris le président de la République a appelé le président Biya pour qu’on trouve des solutions. » Le leader du Mouvement pour la renaissance du Cameroun (MRC) est détenu depuis les dérives observées lors des manifestations organisées par son parti en janvier dernier. Celles-ci se sont notammant soldées par le saccage des représentations diplomatiques du Cameroun en France et en Allemagne.
De son côté, Yaoundé n’a pas tardé à faire part de sa désapprobation à Paris. Mardi, le ministre des Relations extérieures a convié tous les diplomates commis au Cameroun à une rencontre à laquelle la presse a également pris part. En l’absence des ambassadeurs de France et des Etats-Unis, Lejeune Mbella Mbella appelle notamment les partenaires du Cameroun au respect de sa souveraineté. « Il n’appartient à aucun pays du monde de nous donner un président, de nous donner des institutions qui ne sont pas les nôtres (…) Beaucoup manifestent des manoeuvres pour traîner le Cameroun devant le Conseil de sécurité, parlent d’ingérence humanitaire. Le Cameroun a tous les moyens et toutes les capacités pour résoudre cette crise. Ce n’est pas la première crise que nous connaissons. Nous en avons connues d’autres avant », a-t-il lancé d’un ton ferme durant la rencontre.