Le chef de l’Etat ivoirien, Alassane Ouattara, est l’objet d’une publication de Justin Koné Katinan, ancien ministre du Budget du Président Laurent Gbagbo, en exil au Ghana depuis la fin de la crise post électorale de 2010-2011 en Côte d’Ivoire.
Les mémoires de Ouatatra très attendus
Le samedi 11 mai, à l’occasion de la journée d’hommage rendu à monsieur Abdoulaye Diallo, un fidèle immuable de Feu le Président Félix Houphouët Boigny, le Chef de l’Etat a, dans son discours, fait une révélation importante. En effet, il a promis d’écrire ses mémoires. C’est une information de taille parce que les mémoires d’un ancien Chef d’Etat font partie, à l’évidence, de la mémoire de la nation elle-même. Ceux de monsieur Ouattara sont encore plus attendus puisqu’ils seront sa première et certainement sa dernière publication. Il est donc aisé d’imaginer la somme d’informations infaillibles que cette publication contiendra. Nul doute également qu’elle fournira des réponses aux nombreuses questions portant, notamment, sur sa vie publique qui a commencé véritablement le 18 avril 1990, le jour où il a été nommé Président du comité interministériel de la coordination du programme de stabilisation et de relance économique.
Or, voici que le jour même qu’il annonce publiquement la rédaction de ses très attendus mémoires, la mémoire du Président Ouattara présente quelques trous concernant des sujets qu’il dit avoir vécus lui-même et qu’il entend rapporter dans lesdits mémoires. En effet, au cours de son discours du samedi 11 mai à Djékanou, il dit ceci : « Le 2ème témoignage que je voulais faire et tout à l’heure, nous avons vu les témoignages au cours de la projection qui a été faite, effectivement, au retour de Laurent Gbagbo, le président Houphouët m’a appelé et il m’a demandé de venir. Il m’a dit qu’il reçoit Laurent Gbagbo. Laurent Gbagbo est arrivé avec Dakoury-Tabley. Le président m’a demandé d’être présent avec Abdoulaye Diallo. Nous avons fait l’entretien que j’ai transcrit. Cet entretien sera publié dans mes mémoires le moment venu ».
Katinan rafraîchit la mémoire à Ouattara
Ainsi donc, le Chef de l’Etat affirme avoir été témoin de la rencontre que le Président Félix Houphouët Boigny a eue avec le Président Laurent Gbagbo, alors son opposant, qui venait d’entrer d’exil. Or cette rencontre au sommet, entre les deux acteurs politiques majeurs de la période, s’est tenue dans la foulée du retour d’exil de l’opposant Laurent GBAGBO. Ce retour a eu lieu le mardi 13 septembre 1988. Le mercredi 14 septembre 1988, le journal télévisé de la télévision nationale, dans son édition de 20H, a rendu compte d’une audience que le Président de la République avait accordée, le même jour, à monsieur Laurent GBAGBO rentré d’exil.
L’élément vidéo tiré des archives de la RTI, lisible sur YouTube, présente 3 personnalités présentes à cette rencontre. Le Président Houphouët Boigny, habillé en costume de couleur beige, et en face de lui, de façon oblique à sa droite, monsieur Laurent GBAGBO, habillé en costume gris sombre et portant des lunettes et, à la gauche du Président Houphouët, le ministre Balla Kéita portant un costume gris clair. Les images montrent clairement le Président Houphouët se tourner vers Balla Kéita à qui il semblait s’adresser au moment de répondre aux propos introductifs de son opposant fraichement rentré d’exil. A l’évidence, l’actuel Chef de l’Etat n’était pas présent à cette rencontre. Rien d’étonnant puisqu’à cette date, il n’occupait aucune fonction, ni politique ni administrative, au plan national.
En revanche, en Aout 1992, après sa sortie de prison où l’avait envoyé Ouattara, Laurent GBAGBO avait été reçu en audience par Houphouët. Pour la circonstance, Sangaré Aboudramane et André Dacoury Tabley avaient accompagné Laurent GBAGBO à cette audience. Du côté de la Présidence de la République, était présent à côté du Président de la République, entre autre, monsieur Alassane Dramane Ouattara, alors premier ministre. L’on se souvient que c’est en cette qualité qu’il avait fait prendre précipitamment une loi (loi anticasseurs) pour envoyer en prison le Président Laurent GBAGBO ainsi que toute sa famille à la suite de la marche du 18 février 1992.
Il y a manifestement une confusion des deux rencontres dans la mémoire du Chef de l’Etat ivoirien. La question est maintenant de savoir si cette confusion procède d’un simple oubli, cela lui arrive parfois (l’attribution à John Kennedy d’une phrase de Martin Luther King), ou d’une mémoire volontairement sélective pour s’attirer les faveurs de l’histoire. Peu en importe la réponse, chacun doit veiller à l’intégrité de l’histoire de la Côte d’Ivoire. C’est pourquoi, je me suis donné l’agréable devoir citoyen de restituer les faits selon la vérité historique afin que les mémoires, très attendus du Chef de l’Etat, ne soient susceptibles d’aucune corruptibilité. Car une telle corruptibilité causera un grand tort à l’histoire de la Côte d’Ivoire.
Le ministre Justin Katinan KONE.