L’amnistie prise par Alassane Ouattara le 6 août 2018 semble ne pas être du goût de Human Right Watch (HRW). L’organisation internationale réclame une justice pour les victimes de la crise postélectorale de 2010-2011. Mieux, elle s’adresse aux Etats qui doivent prendre part à l’examen du bilan de la Côte d’Ivoire en matière de droits humains, le mardi 7 mai 2019, aux Nations Unies.
Human Right Watch épingle Ouattara
Le mardi 7 mai 2019, les Nations unies s’ attarderont sur la situation des droits de l’ Homme en Côte d’ Ivoire. Avant ce rendez-vous au cours duquel des représentants d’ autres pays jugeront le bilan du pays d’ Alassane Ouattara en la matière, Human Right Watch attire l’ attention des Etats sur le cas des victimes de la crise postélectorale de 2010-2011. « Les États prenant part à l’ examen aux Nations Unies du bilan de la Côte d’ Ivoire en matière de droits humains devraient demander pourquoi le gouvernement n’ a pas rendu justice aux victimes de la crise post-électorale de 2010-11 », recommande l’ organisation.
Human Right Watch pense que « le fait de ne pas rendre justice aux milliers de victimes d’ un des pires épisodes de violence politique en Côte d’ Ivoire entache le bilan du gouvernement en matière de droits humains et menace la paix et la stabilité à venir dans le pays », comme l’ a signifié Corinne Dufka, directrice pour l’ Afrique de l’ Ouest.
Human Right Watch rappelle que « la Côte d’ Ivoire s’ est engagée dans la lutte contre l’ impunité par la mise en place de […] la Cellule spéciale d’ enquête (CSE), chargée des procédures judiciaires relatives à la crise postélectorale ». Si l’ organisation salue le travail de la cellule spéciale d’ enquête, elle regrette qu’ un « seul petit nombre de personnes inculpées des crimes les plus graves ont été traduites en justice ». L’ ONG spécialisée dans la défense des droits de l’ homme fait remarquer que l’ unique « procès qui s’est tenu devant les tribunaux ivoiriens pour crimes de guerre ou crimes contre l’ humanité était celui de l’ancienne première dame, Simone Gbagbo, qui fut acquittée en mars 2017 ».
Même si les autorités ivoiriennes soutiennent que « la mesure d’amnistie du 6 août 2018 ne consacre en rien l’ impunité », Human Right Watch relève qu’ aucun commandant de milices ou officier supérieur de l’ armée n’ a été jugé pour les crimes graves internationaux, tant au niveau des forces pro-Gbagbo que chez celles fidèles à Alassane Ouattara.
Corinne Dufka pense que si justice n’est pas rendue aux victimes de la crise postélectorale, alors « de nombreuses personnes soupçonnées de façon crédible d’être impliquées dans ces crimes occupent toujours des postes de pouvoir ».