L’ armée ivoirienne a réceptionné son nouvel aéronef le jeudi 25 avril 2019. Curieuse priorité du gouvernement ivoirien qui aurait mieux fait de relancer l’emploi dans ce pays où le taux de chômage réel est beaucoup plus élevé que ce que croient les dirigeants. Toute la crème des officiers généraux et supérieurs de l’ armée de Côte d’Ivoire a accompagné le ministre de la Défense, M. Hamed Bakayoko, à la réception de son nouveau jouet. Une fierté mal contenue à la réception du CASA C-295 qui traduit l’incohérence des priorités. Quelle est l’urgence qui nécessite ce énième investissement lourd pour ne transporter que 70 personnes ? Nelson Zimin regarde ça.
Armée ivoirienne : course à l’armement, une curieuse priorité du gouvernement ivoirien
Mon cher GBANZAN,
J’ai attendu en vain ton coup de fil tout le weekend pour que tu me donnes les nouvelles du village. Mais rien n’y fit. Pourtant il s’y est passé des choses qui ont suscité de vives émotions et réactions. Je t’attendais surtout sur la question du changement de badge du député Alpha Yaya Touré, voltigeur de Guillaume Soro, qui a été muselé comme un phacochère par le pouvoir d’Abidjan. Ton oncle Kossêbê me disait l’autre soir un de ses proverbes bizarres : « Serrez la bourse d’un opposant, et obtenez un allié démocrate». Génie politique de votre Duc, Alassane Ouattara ma foi. Toutefois, je ne t’attends pas pour l’affaire du nouvel aéronef de l’armée ivoirienne. Justement, je vais t’en parler !
C’est entouré des chefs d’état-major de l’armée ivoirienne, dont le chef d’état-major particulier d’ Alassane Ouattara, qu’ Hamed Bakayoko a officiellement réceptionné l’avion de type CASA C-295. Cet avion qui a couté 28 millions de dollars ne transportera que 70 personnes au maximum, avec une consommation de 7 tonnes 65O de Kérosène. À moins que je ne sois pas très bien informé, il n’y a aucune menace sérieuse qui justifierait un tel achat. Selon Hamed Bakayoko, « l’ armée ivoirienne est aujourd’hui en mesure de déployer en moins d’une heure entre 50 et 70 soldats à l’intérieur du pays, d’assurer le secours à des soldats en détresse ou accidentés, permettre le déplacement dans de meilleures conditions des soldats qui vont en formation ou sur des théâtres d’opérations ». Il le dit de manière à donner l’impression que cet avion vient sauver l’armée ivoirienne.
Pourtant le parc d’aéronefs de l’ armée ivoirienne n’est pas si pauvre. « Trois MI-24, hélicoptères, un MI 17, deux avions Kingers parfaitement rénovés, un hélicoptère de la police nationale manœuvré par l’armée de l’air, deux Antonov » constituent déjà la petite fierté de Hambak. Selon l’International Institut for Strategic Studies basé à Londres, le pays disposait déjà de 7 avions dédiés au transport des troupes. Que justifie donc un tel investissement ? Que prépare le pouvoir d’ Abidjan avec une telle course à l’armement ?
Des investissements massifs dans l’ armée ivoirienne pour quels résultats ?
Tu sais, mon cher frère, gouverner par l’absurde est la spécialité de nos gouvernements en Afrique et notamment en Cotre d’Ivoire. Alors que l’éducation nationale sombre et que notre économie est tenue à 80% par des groupes étrangers, votre gouvernement a choisi d’investir dans de l’armement lourd après avoir détruit sous l’égide de la France, tout l’armement lourd de l’armée ivoirienne de dotation russe, acquis par Laurent Gbagbo, après la guerre contre les rebelles de Soro Guillaume. Tu auras compris que les priorités dans votre pays sont mal calibrées. Pourquoi investir autant dans du matériel qui coûtera cher à l’entretien, plutôt que d’investir dans des secteurs productifs ? À moins que la Côte d’Ivoire veuille faire de la location de matériels militaires à ses voisins, certains équipements sont sans intérêts.
En 2017, La Lettre du Continent, avait évoqué la commande par les autorités ivoiriennes de six aéronefs de type MI-24, dont trois ont été réceptionnés en 2018. La loi de programmation militaire adoptée en janvier 2016 prévoit un investissement global de 2.254 milliards dans l’outil de défense, soit 3.34 milliards d’euros. Tu me diras peut-être que la sécurité d’un pays n’a pas de prix, et je te le concède en ce qui concerne l’armée ivoirienne. Mais la sécurité intérieure des Ivoiriens n’est pas conforme à l’indice de sécurité de la Suisse comme se complaisent à abuser certains membres du gouvernement ivoirien. La question des « microbes » (enfants délinquants qui agressent en meute) dans le pays ne fait l’objet d’aucune action répressive ni préventive. C’est clair que de telles opérations rapportent moins en surfacturation que l’achat d’équipement militaire pour l’armée ivoirienne. Au contraire on demande aux Ivoiriens de faire preuve de résilience. Tu sais ce que cela signifie ? Débrouillez-vous, on n’en a rien à foutre ! Pas plus tard que ce matin, vers 5h, alors qu’il quittait son domicile pour aller se cherche, ton cousin Patrice s’est fait détrousser ses douze petits mille francs qui devait lui permettre de payer son transport de la semaine de Bonoua à son lieu de cherchement par six individus encagoulés qui lui ont lancé son premier bonjour de ce 29 avril avec un couteau très coupant. Tu te demandes ce que pourrait faire le CASA C-295 pour lui ? Rien, ne te fatigue pas.
Entre l’explosion du chômage, l’insécurité et la dégradation de l’éducation nationale, faire le choix du surarmement est de nature à assurer le développement économique du pays. N’est-ce pas ? Bon je te laisse. Je vais écouter votre Premier ministre qui était de service ce weekend, en mode tournée démago avec une caresse de mise en garde enveloppée d’un musclé de chocolat espagnol à votre trop bavard Guillaume Soro et sa bande qu’il a d’ailleurs commencé à réduire en nombre avec le lancement avant l’heure de son mercato.
Kigbafori serait-il la menace que va aider à prévenir le tas de fers volant venu d’Espagne ? En tout cas la causerie de votre Premier ministre Gon Coulibaly sur les médisances de la Soro Gang m’est apparue comme un Garant qui pourrait être suivi d’un pkatrali en 2020. Comme le dit Émile Zola « Ça ne promet pas beaucoup de bonheur».
À bientôt.