Enseignants au chômage, l’autre visage de la crise de l’éducation nationale qui n’a pas fini de révéler la vision erronée qu’ont les membres du gouvernement de l’éducation de nos enfants. L’on comprend mieux aujourd’hui pourquoi la crise s’enlise et que le gouvernement ne fait aucun effort pour y mettre fin. Le premier ministre Amadou Gon Coulibaly classe l’école au rang des actions sociales de son gouvernement. En Côte d’Ivoire, l’école n’est pas un droit.
L’éducation nationale sombre dans un déficit criard de personnel
Le déficit d’enseignants en Côte d’Ivoire reste encore impressionnant, dans un environnement apocalyptique. Aux retards sur les programmes causés par de nombreuses grèves, il faudra désormais prendre en compte un déficit de 2000 professeurs de Lycée, 3000 professeurs de collège et 5300 instituteurs. Ces informations publiées sur le compte twitter officiel du premier ministre Amadou Gon Coulibaly ont été suivies de l’annonce d’un programme de recrutement massif d’enseignants, comme l’avait annoncé la ministre de l’éducation nationale Kandia Camara, il y’a quelques mois. Régler en urgence cette situation serait salutaire, mais reste la question du délai. En plus, il faut noter que la situation est d’une complexité inextricable. En 8 ans, le gouvernement d’Alassane Ouattara a été incapable de résoudre cette question, alors même que l’éducation nationale semblait être une priorité du gouvernement. C’est un constat d’échec dont les ivoiriens devraient tirer les conséquences. Que pourra faire Amadou Gon Coulibaly en 18 mois, là où en 8 années il n’y a pas eu de résultats concrets ? Ou alors Alassane Ouattara veut-il se maintenir au pouvoir ? Toutefois, un fait majeur est à relever dans ce système éducatif. La non attribution avant un délais de 12 voire 36 mois pour les enseignants déjà formés, de matricules, secam de leur engagement officiel à la fonction publique.
Enseignants formés et à la rue, paradoxe de notre éducation nationale
La question que l’on est tenté de se poser est logique : pourquoi recruter si des enseignants sont au chômage ? C’est tout là le paradoxe d’un système qui forme les jeunes de notre pays. Selon des sources proches du dossier, cela fait 3 ans que le ministère de la fonction publique a recruté, formé et laissé sans emploi de milliers enseignants. C’est de tradition dans ce département car la situation avait débouché sur une grève en Avril 2013, des enseignants qui 2 ans après l’obtention de leur certificat, n’avaient ni matricules et ne savaient où enseigner. Il faut rappeler que les enseignants, une fois sortis du Cafop ou de l’ENS, attendent au moins une année au chômage. Alors s’il est vrai qu’il y’a urgence, pourquoi ne pas accélérer l’intégration de ceux déjà formés dans le système, puis rompre avec cette pratique de mise en « jachère des enseignants » ? La situation de l’école n’est donc pas prête de s’améliorer quand le premier ministre met un sujet qui devrait être priorité nationale au chapitre des actions sociales du gouvernement. « Le programme de recrutement qui va être lancé par l’état ivoirien devra permettre de combler ces manques », lit-on sur la page Twitter officielle d’Amadou Gon Coulibaly, qui ferme le poste avec l’hashtag « 2019 année du social », « éducation ». Alors que l’éducation est un droit selon la déclaration universelle des droits de l’homme, et consacrée comme tel par la constitution de la république de Côte d’Ivoire, il est assez étonnant de voir la question de l’éducation nationale reléguée à l’agenda social du gouvernement. Mais encore, elle est devenue matière de commerce politique pour le gouvernement. L’urgence n’y est certainement pas, d’où l’enlisement de la crise actuelle dans le secteur.