Steve Beko, de son nom à l’état civil Lago Fabrice, était de la délégation de l’Union des nouvelles générations (UNG) qui ont rendu visite à Charles Blé Goudé à La Haye. Ce cyberactiviste qui a mené de nombreuses manifestation de soutien aux deux leaders ivoiriens, notamment Laurent Gbagbo et Blé Goudé, naguère incarcérés à la prison de Scheveningen, revient, dans un post sur sa page Facebook, sur les détails de sa rencontre avec l’ancien leader des jeunes patriotes.
Steve Beko raconte sa visite à Blé Goudé à La Haye
Lundi 8 avril, je rentre d’un voyage professionnel de trois jours en Afrique du nord. Il me faut rentrer en urgence, car le mercredi 10 avril, nous avons rendez-vous avec le ministre Charles Blé Goudé à La Haye. Nous devons nous retrouver ce jour à 5h pour prendre la route. Quand je me réveille, il est 5h30, je suis en retard. Les camarades m’attendent déjà. Je n’ai pas le temps de prendre une douche. Au moins, je peux me laver les dents avant d’enfiler mon costume. Tout compte fait, c’est un rendez-vous de galanterie politique et non un rendez-vous galant.
11h, nous sommes à La Haye ! Cette ville, je la connais plus que mon village. Depuis 2014, j’y vais régulièrement et je peux y conduire sans GPS tellement nous avons fait toutes les artères à pieds. Nous passons devant le tribunal et intérieurement je ne peux m’empêcher de penser « c’est ici que nous avons vaincu ». Le président Gbagbo est le héros que ces bâtiments n’ont pu retenir et le héraut de la renaissance de la Côte d’Ivoire.
Quelques minutes après, nous sommes devant l’hôtel du leader du Cojep où nous sommes accueillis par ses collaborateurs Eugène Tagro et Hilaire Nassa qui nous installent. Charles Blé Goudé descend quelques minutes après, tout décontracté. Les salutations sont chaleureuses. L’homme n’a rien perdu de son sourire.
Les discussions peuvent maintenant débuter. Son Directeur de Cabinet, Diaby Youssouf demande les nouvelles. Je donne les premières puis le chef de notre délégation, le Vice-président Étienne N’guessan enchaine avec les secondes : « nous sommes là au nom de son frère le président Stéphane Kipré pour lui dire Yako et le féliciter pour l’éclatante victoire remportée ». Je me rends compte qu’autour de la table, nous avons un Sénoufo, un Baoulé, un Adioukrou, un Avikam et trois Bethé tous réunis au nom de Gbagbo. Ça semble banal, mais seul le président Gbagbo est capable de mettre autant d’ethnies autour d’une table le temps des retrouvailles.
Puis le ministre Charles blé Goudé prend la parole ! Il parle de la souffrance endurée pendant sa détention à la DST. Il raconte le calvaire qu’il a enduré pendant 14 mois dans des conditions humiliantes. Il raconte comment quelques fois, il s’est senti seul quand il a eu l’impression d’être lâché par ceux dont il était en droit d’attendre un soutien. L’homme raconte ses moments de doutes et de stress en attente de la décision des juges. Il aborde des sujets graves tout en souriant.
Vous savez, c’est très compliqué lorsqu’une personne vous raconte ses difficultés en souriant. Vous ne savez pas s’il faut sourire comme elle, où s’il faut garder l’air grave. Si vous riez, cela peut donner l’impression que vous banalisez la souffrance vécue. Si vous prenez un air grave, cela peut laisser penser que vous ne partagez pas cette souffrance. Bref ! Toujours est-il que c’est un plaisir de l’écouter, car il n’a rien perdu de sa verve. Il parle de la Côte d’Ivoire et du futur. Vous m’excuserez de ne pas vous en dire plus sur ce qu’il nous dit. Ça ne regarde que nous !
À mon tour, je lui rappelle certains souvenirs, notamment cette interview réalisée dans ses locaux de Leaders Team. Quand je parle de Lakota, il demande automatiquement après mon ami Grah Noël, premier secrétaire général de la FESCI au lycée moderne de ladite ville. Je lui donne des nouvelles de mon oncle Lago Guillaume qu’il connait bien et qui m’a communiqué ce goût de la politique. Les échanges sont si cordiaux qu’on peut se surprendre à oublier que cet homme vient de passer injustement plusieurs années en prison.
Quand je pense que pendant des années, de petits charlatans ont essayé de me présenter comme le pourfendeur de Charles Blé Goudé! Quand j’évoque ce fait, il m’interrompt directement : « Laisse tomber. Les gens ne savent pas d’où nous venons. Et puis beaucoup sont encore traumatisés par les évènements que nous avons vécus. Il faut avoir le dos large. »
Pendant quelques minutes, nous rions des vidéos sur Facebook. Il raconte combien de fois il est perdu avec les notifications « X est en direct », « Z est en direct ». « Mais si tout le monde est en direct, on va écouter qui ? » s’exclame-t-il. On lui dit que désormais, c’est comme ça ! tout le monde est leader depuis sa chambre ! Chacun a sa « place de la République » dans son canapé.
Un moment, pendant l’échange, il me lance : « Maintenant, c’est ton Général qui te parle… » Ahi, c’est quitté où ? L’homme-là veut me donner mot d’ordre ici encore !
La rencontre est terminée ! On partage son repas et il nous raccompagne au parking. C’était trop court. Un peu comme une jouissance masculine précoce qui laisse la femme insatisfaite.
J’ai revu Charles Blé Goudé ! Ils n’ont pas eu raison de lui ! il est resté le même en dépit de tout. Le revoir surtout la veille du 11 avril était symbolique. Le traquenard judiciaire a été vaincu à La Haye, pays du froid réchauffé par le sourire de Zadi Gbapê Grégoire.
Charles Blé Goudé, nous ne pouvons pas t’abandonner !
Zadi Gbapê Gregoire, un homme toujours accroché à ses convictions et à sa liberté d’expression et d’action!