Le 11 avril 2011, Laurent Gbagbo aurait-il été tué sans le rôle que s’attribue aujourd’hui Soro Guillaume ? L’ancien Président de l’ Assemblée Nationale de Côte d’Ivoire et sa cellule de communication disent avoir tout mis en oeuvre pour éviter l’assassinat de celui dont il a été le Premier ministre.
Des sauveurs de la vie de Laurent Gbagbo autoproclamés
Nous sommes le 11 avril 2011 lorsque le portail de la résidence dans laquelle Laurent Gbagbo et 107 de ses proches étaient retranchés se fait défoncer. Une colonne de soldat de l’armée française qui avait pilonné sans relâche la résidence du Président à coup d’aéronef facilitera le travail jusqu’à la livraison de l’ex-Président aux forces commandées à l’époque par Guillaume Soro.
Ce jour-là, le ministre Désiré Tagro sera tué par une balle tirée dans sa bouche par ceux qui venaient de lui mettre le grappin dessus. Il décédera quelques heures plus tard, une affaire sur laquelle aucune lumière n’a été faite, même pas lorsque Guillaume Soro était encore tout puissant Premier ministre du Président Alassane Ouattara.
Mais ce 11 avril 2019, Guillaume Soro et sa cellule de communication qui ignoraient tous les ans cet anniversaire ont rompu la tradition en déliant leurs langues. On apprend dans un communiqué signé de Touré Moussa, que c’est l’ancien chef rebelle qui a tout mis en ouvre pour éviter une fin tragique à la Nicolae Ceausescu, Mouammar Kadhafi ou encore de Samuel Doe à Laurent Gbagbo.
Laurent Gbagbo qui est fort heureusement encore vivant sait en tout cas le comportement qui était celui de ses ravisseurs au moment des faits et en a déjà parlé. Guillaume Soro par exemple n’a pas le rôle enjolivé qu’il se donne dans cette partie de l’histoire puisqu’il était un de ceux présentés par Laurent Gbagbo comme étant les personnes venues le narguer ce tragique soir de sa défaite.
Son récit titré : Sauver la vie de Gbagbo à tout prix
Il aurait pu avoir le destin de Nicolae Ceausescu, de Mouammar Kadhafi ou, pis, de Samuel Doe. Mais Guillaume Kigbafori Soro ne l’a pas voulu. Soro a mis son énergie, son autorité et sa détermination en œuvre pour qu’il ait la vie sauve. Lui et les 107 personnes retranchées avec lui dans son bunker.
Au moment où la rue criait vengeance et que le camp des vainqueurs exultait, le Premier ministre, ministre de la Défense artisan principal de la victoire, n’avait qu’une obsession : protéger la vie de l’ancien chef d’Etat. Guillaume Kigbafori Soro a mis un point d’honneur à sauvegarder l’intégrité physique du président Laurent Gbagbo ce lundi 11 avril 2011, à 16h GMT, après sa reddition. C’était au nom du Pardon et pour semer les graines de la réconciliation. Au milieu des canons, malgré les rafales d’armes automatiques, malgré le baroud d’honneur de quelques francs-tireurs désespérés, Guillaume Kigbafori Soro n’avait qu’une obsession : éviter le martyr à celui dont il fut le Premier ministre.
Il a facilité le déplacement des membres de la famille de l’ex-président qui voulaient quitter Abidjan pour Moossou, le Ghana ou l’Europe. Au nom de la Paix et de la nécessaire Réconciliation.
Quant à l’ancien président lui-même, Guillaume Soro a estimé que sa sécurité serait mieux assurée si on le conduisait à Korhogo, à plusieurs centaines de kilomètres du théâtre des opérations, là où les soldats n’avaient pas les blessures vives de ceux qui ont perdu leurs frères d’armes au combat et qui n’avaient pas été rendus insensibles à la pitié par la dureté des engagements. Ainsi, il a été conduit dans la résidence présidentielle de la capitale des Savanes, où il fut placé sous la responsabilité personnelle du commandant des forces locales. Guillaume Soro nous répétait inlassablement pendant nos débriefings : « Rien, absolument rien, ne doit arriver à Gbagbo si nous voulons arriver à réconcilier ce pays un jour. Si par malheur quelque chose lui arrivait, comment pourrions-nous regarder en face le peuple bété, eux qui ont déjà perdu un fils, Kragbé Gnagbé, à cause de la politique ? ». Ceci était plus qu’un mantra, c’était une instruction ferme.
C’est au nom de son désir de réconcilier les Ivoiriens entre eux que Guillaume Soro fut le premier homme politique ivoirien à se rendre à Mama dans le village de Gbagbo, à Gnaliepa où vivait la mère de ce dernier et à Kpogrobouo, le village de Blé Goudé Charles.
Dans toutes ces localités, il n’avait en bouche que ces mots : Pardon et Réconciliation. Pardon pour toutes les fautes commises ensemble, chacun de son côté. Réconciliation pour nous donner la chance de vivre à nouveau, malgré nos fautes communes passées.
Aujourd’hui, Simone Gbagbo est libre et est active au sein de son parti. Laurent Gbagbo et Blé Goudé Charles sont sur le chemin du retour dans leur pays. Ils viennent tous deux s’engager en politique et peut-être entrer en compétition et espérer obtenir le suffrage de leurs concitoyens en 2020.
Ce dénouement me semble être une belle victoire pour Guillaume Kigbafori Soro, qui de toute son âme et de toutes ses forces, a œuvré pour la vie et la sécurité de ces fils et filles de la Côte d’Ivoire.
Toure Moussa