Les poursuites contre Simone Gbagbo et environ 800 personnes poursuivies ou condamnées poursuivis ou condamnés pour des infractions en lien avec la crise postélectorale de 2010, ou des infractions contre la sûreté de l’Etat commises après le 21 mai 2011, ont été abandonnées à la suite d’une décision prise par le Président Ouattara à la veille de l’indépendance. Mais les organisations de la FIDH viennent de saisir la Cour suprême aux fins d’annuler cette ordonnance d’amnistie.
Amnistie, le FIDH s’oppose à l’impunité
6 août 2018, le Président Alassane Ouattara prenait une ordonnance d’amnistie ayant permis la libération d’environ 800 personnes, dont Simone Gbagbo, Assoa Adou, Lida Kouassi Moïse et Souleymane Kamaraté Koné dit Soul to Soul. Cette mesure avait contribué un tant soit peu à la décrispation de l’atmosphère sociopolitique. Les organisations membres de la Fédération internationale des ligues des droits de l’homme (FIDH) ont cependant saisi la Cour suprême, le 4 avril 2019, d’un recours en annulation de cette ordonnance.
Me Yacouba Doumbia, avocat des victimes et président du Mouvement ivoirien des droits humains (MIDH), justifie ainsi cette saisine : « Nous demandons à la Cour suprême de rappeler au pouvoir politique que le droit international ne permet pas d’absoudre (…) les auteurs présumés de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité. »
Et Pierre Adjoumani, président de la Ligue ivoirienne des droits de l’homme (LIDHO), de renchérir : « Les autorités politiques ne peuvent à la fois poursuivre la « course à l’émergence » et essayer de s’affranchir du droit dans le même temps. »
Pour Me Drissa Traoré, avocat des victimes et vice-président de la FIDH, les victimes ou leurs ayants-droit sont dans une situation mitigée dans la mesure où les juridictions nationale ou internationale (CPI) n’ont pu désigner les coupables de la crise postélectorale. Il promet donc d’utiliser toutes « les voies de recours, nationales et internationales, pour que les procès attendus finissent par aboutir ».
Si tant est que ces organisations des droits humains militent pour une réparation des préjudices causés aux victimes par une annulation de l’ordonnance d’amnistie, pourquoi ne pas pousser la logique jusqu’à demander la poursuite contre des pro-Ouattara qui ont également été épinglés par des rapports d’ONG dans des violations massives des droits de l’homme lors de cette crise atroce qu’a connue la Côte d’Ivoire ?