Les avocats du parquet militaire de Ouagadougou ont dénoncé vendredi “une ingérence’’ des autorités ivoiriennes dans la tentative du putsch manqué du général Gilbert Diendéré en septembre 2015 au Burkina et souhaité que cela ne se répète plus. Le parquet militaire a continué vendredi de présenter des enregistrements attribués au général Diendéré, cerveau présumé du coup et à certaines personnalités étrangères, considérées comme ses soutiens par l’accusation.
Plusieurs autorités ivoiriennes informées du putsch au Burkina
Au total, une trentaine d’enregistrements présentés tantôt comme une conversation entre le général et son fils, Ismael Diendéré, tantôt avec son épouse Fatoumata Diallo, tantôt avec la fiancée de son fils Diawara Fatoumata Thérèse, ont été diffusés à l’audience du jour.
Comme depuis le début de cette phase du procès, le nom de l’ancien président de l’Assemblée nationale de Côte d’Ivoire, Guillaume Soro, est constamment revenu dans les débats.
Dans une première audio datée du 1er octobre 2015, on entend M. Soro, au téléphone, demander au général Diendéré de “jouer le temps’’ et de joindre le président sénégalais Macky Sall.
“Je viens d’avoir le président Faure. Il va appeler le président Kafando. Ouattara est informé. Je cherche encore à informer tout le monde pour qu’on puisse mettre un peu de pression sur la nonciature’’, a-t-il ajouté.
Au bout du fil, son interlocuteur l’informe que des gendarmes sont déjà à la porte de la nonciature où il avait trouvé refuge après l’échec de son coup d’Etat.
“Tu es dans une chambre non ? Restes dans cette chambre pour le moment et fermes la porte’’, a d’abord suggéré Soro à Diendéré, avant d’ajouter : “J’ai rendu compte au président Ouattara. Je suis en route pour Abidjan pour empêcher qu’on t’envoie à la gendarmerie’’.
Dans une autre audio datée du 25 septembre 2015, on entend Soro prendre note des propos de Diendéré, afin de rédiger un communiqué du Régiment de sécurité présidentielle (RSP), unité de l’armée burkinabé à laquelle appartenait le général et qui avait tenté le coup d’Etat.
“Nous on travaille en bas aussi’’ et “on va faire en sorte que l’opinion se solidarise à vous’’, a poursuivi l’ancien président de l’Assemblée nationale de Côte d’Ivoire.
Sur un ton de plaisanterie, M. Soro demande au général Diendéré de le nommer “numéro deux’’ du RSP. Ce dernier lui répond : “il n’y a pas de problèmes’’.
En outre, on l’entend encourager le général et ses hommes à ne “pas abdiquer’’ même si le coup d’Etat est en train de virer à l’échec.
“J’ai eu le président Ouattara. Il m’a dit qu’il a appris que le RSP allait abdiquer. Et qu’il a demandé à Vagondo de te parler pour ne pas faire ça. Parce que si vous faites ça, vous serez sacrifiés comme des moutons de tabaski’’, a-t-il conseillé.
Pour le parquet militaire, ces enregistrements confirment la duplicité de la CEDEAO, écartelée entre “une position officielle et une autre officieuse’’ lors de cette crise.
“Heureusement les burkinabés ont pris leur destin en main en ne comptant pas sur’’ cette organisation, a indiqué le procureur militaire, qui dénonce une ingérence de personnalités étrangères dans la tentative de coup d’Etat.
“Quedes gens qui ne sont pas burkinabés puissent s’ingérer dans des faits aussi graves pour un Etat. Il faut que tout cela s’arrête’’, a-t-il averti.