Dans la recomposition du paysage politique ivoirien, Henri Konan Bédié entend former une alliance avec Laurent Gbagbo pour l’élection présidentielle de 2020. Mais les deux anciens chefs d’Etat ne semblent pas être sur la même planète.
Laurent Gbagbo, des réticences pour s’allier à Bédié
Lors d’une interview sur France 24, Henri Konan Bédié annonçait qu’il avait d’ores et déjà l’accord de principe de Laurent Gbagbo pour la formation d’une coalition de l’opposition. Si du côté du Président du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI), c’est l’enthousiasme et la ferveur pour rassembler toute l’opposition au sein d’une plateforme en vue de tenir la dragée haute au RHDP unifié, au pouvoir, c’est n’est pour autant pas la même dynamique chez le fondateur du Front populaire ivoirien (FPI).
Nous apprenons en effet qu’une délégation du vieux parti, conduite par son Secrétaire exécutif, Maurice Kakou Guikahué, sera en Belgique pour y rencontrer le plus célèbre prisonnier de la Cour pénale internationale (CPI). Mais jusqu’ici, cette rencontre a été remise aux calendes grecques, du moins pour l’instant.
A en croire un proche du chef de file des frontistes : « Gbagbo ne veut pas s’allier au PDCI-RDA. En tout cas, pas pour le moment. » Cette attitude de l’ancien président ivoirien (2000-2011) découle de ses récriminations vis-à-vis du « Sphinx de Daoukro », qui s’était allié avec Alassane Ouattara en 2010 pour l’évincer du pouvoir. Dans son livre « Libre pour la justice et la vérité », Gbagbo raconte d’ailleurs que Bédié était venu en deuxième position lors du 1er tour de l’élection présidentielle de cette année-là. Mais « pour un plat de lentilles, il a vendu son droit d’aînesse à Alassane Ouattara ».
Poursuivant, ce proche du Président Gbagbo, qui requiert l’anonymat, ajoute : « Il estime que le Pdci et le Rdr se sont associés pour maltraiter son camp politique. Donc, maintenant que la bagarre entre eux fait que le Rdr laisse un peu de répit à ses partisans, ceux-ci devraient en profiter pour se réorganiser et remobiliser les militants. » Cette alliance pourrait toutefois intervenir « au moment des élections ».
L’on note également que Gbagbo refuserait d’accorder une quelconque légitimité à Pascal Affi N’Guessan, qui est pourtant le président légal et statutaire du FPI. Et rechignerait à s’allier à un PDCI qui ne discute qu’avec le Député de Bongouanou en tant que représentant légal de ce parti. « Le Fpi ne peut pas être dans un groupe où c’est Affi qui est reconnu comme président du Fpi », conclut le proche de Gbagbo.
En dépit de toutes ces raisons ci-dessus évoquées, Bédié et Gbagbo pourrait former une alliance contre Ouattara en 2020. Ne dit-on pas que la politique est la saine appréciation des réalités du moment, et qu’en politique, il n’y a pas d’alliance contre-nature ?