Tournées politiques, déclarations choques et piques à l’endroit d’ Alassane Ouattara et de ses anciens alliés, sont devenues le passetemps favori de Guillaume Soro depuis sa démission de la présidence de l’Assemblée nationale de Côte d’Ivoire.
Même si Guillaume Soro donne l’impression d’être fort, il reste hanté par le spectre de plusieurs affaires graves, dont le coup d’État manqué du Burkina Faso en 2015. Le patron des Forces Nouvelles avait été entendu dans un enregistrement audio, complotant l’assassinat de personnalités politiques burkinabés, aujourd’hui au pouvoir. Que risque Guillaume Soro désormais sans le soutien de Ouattara ?
Guillaume Soro et la justice burkinabé, une histoire qui réserve des surprises
« Nous démentons formellement la véracité de ces enregistrements. Pour le reste, nous laissons Chérif Sy à ses délires. Il est instable psychologiquement. Guillaume Soro ne l’a jamais vu à Paris », se défend Moussa Touré, le chargé de communication de Guillaume Soro, aux propos du ministre de la Défense du Burkina Faso Chérif Sy. Appelé à la barre le mercredi 13 mars 2019 en tant que témoins dans le procès du putsch manqué de 2015.
Chérif Sy a déclaré que Guillaume Soro avait implicitement reconnu les propos qui lui sont attribués dans les écoutes téléphoniques qui avaient motivé un mandat d’arrêt international contre lui. « Il m’a dit qu’il voulait discuter des propos qu’il avait tenus contre moi dans les échanges téléphoniques avec Djibril Bassolé », a-t-il déclaré au sujet de Guillaume Soro qu’il aurait rencontré à Paris. Il faut noter que le mandat d’arrêt international émis contre Guillaume Soro avait été levé pour vice de forme. Mais cela empêcherait-il de nouvelles poursuites ?
Guillaume Soro a échappé à un mandat d’arrêt international pour vice de forme, mais n’est pas à l’abri de poursuite judiciaire.
Le procureur général burkinabè avait annoncé en avril 2016 que la Cour de cassation de Ouagadougou avait annulé pour vice de forme les mandats d’arrêt internationaux lancés par la justice militaire contre Blaise Compaoré, ex-président du Burkina Faso exilé en Côte d’Ivoire dot il est désormais national, et Guillaume Soro, ex-président de l’Assemblée nationale de Côte d’Ivoire.
Belle parade pour ne pas créer des incidents diplomatiques sérieux entre le Burkina Faso et la Côte d’Ivoire. Notons que l’ex-chef rebelle était à l’époque un élément clé du dispositif du pouvoir d’Abidjan et se préparait à être reconduit président de l’Assemblée nationale. Poursuivre la deuxième personnalité d’un pays ami et frère aurait eu des conséquences sérieuses sur les relations entre les deux pays. Un autre fait majeur est la proximité presque familiale entre Roch Kaboré, président du Burkina Faso et le président Alassane Ouattara de Côte d’Ivoire.
Les deux gouvernements avaient tout mis en œuvre pour éviter de dégrader la situation, vu les importants liens qui lient les deux hommes. Cependant, Guillaume Soro poursuivi impliquerait directement Blaise Compaoré qui a rendu d’énormes services à Ouattara. Dans la préparation et l’appui logistique apporté à la rébellion ivoirienne qui a profité au désormais homme fort d’Abidjan, Blaise Compaoré avait fait du Burkina Faso une base arrière des combattants ivoiriens.
Si les circonstances qui annulent les poursuites contre Guillaume Soro restent nombreuses et méconnues du public, la rupture des relations entre Soro et Ouattara risque d’exposer l’ex-président de l’Assemblée nationale en cas de révélations graves. En cas de relance du mandat contre Guillaume Soro, Alassane pourrait saisir la balle au bond pour se débarrasser d’un fils devenu gênant. La levée de son immunité parlementaire ne serait pas un problème vu la majorité dont dispose le nouveau parti de Ouattara le RHDP à qui échoie la présidence de l’institution, assumée par Hamadou Soumahoro , un autre meilleur ennemi de Guillaume Soro.
Nelson ZIMIN