Après avoir confié les secteurs de l’eau et l’électricité de Côte d’Ivoire au privé, Alasssane Ouattara remet le couvert avec la privatisation de l’hôpital public. L’annonce par le Conseil des ministres d’un projet de loi sur la réforme des Centres hospitaliers et universitaires n’est autre que la première vitesse enclenchée vers la privatisation de l’hôpital ivoirien.
Privatisation de l’hôpital ivoirien, Alassane Ouattara comme en 1990
Le Président Alassane Ouattara ressert aux Ivoiriens sa politique ultralibérale qui l’avait conduit à céder des entreprises publiques au privé. Souvenez-vous, c’est lui, alors Premier ministre, qui avait passé la gestion de l’eau et l’électricité de la Côte d’Ivoire au secteur privé, à son ami Martin Bouygues. Depuis, le prix de la goutte d’eau qui sort d’un robinet en Côte d’Ivoire n’a cessé de grimper tout comme le prix du moindre éclairage fourni par la CIE.
Au début, ce changement de gestionnaire devait non seulement redresser la situation financière de ces entreprises, mais elle devait aussi accélérer l’accès de toute la population ivoirienne à l’eau potable et à l’électricité. Le tout, sans envolée du prix de ces deux services nécessaires à chaque ménage ivoirien. Chacun a depuis puis constater de lui-même le changement vers le haut du prix de l’eau et d’électricité.
Et ces entreprises qui devaient revenir à l’état de Côte d’Ivoire après une certaine durée ne sont plus jamais retombées dans la propriété publique. Le gestionnaire privé se sucre ainsi sur le dos de chaque Ivoirien et cela fait plusieurs décennies que ça dure. Mais comme ce changement est passé comme une lettre à la poste, et que les régimes de Henri Konan Bédié et de Laurent Gbagbo n’ont fait que poursuivre cette exploitation des entreprises par le privé, les investisseurs de ce type se sentent en confiance dans leur ciblage de nouveaux services publics.
Privatisation de l’hôpital, c’est le projet de loi sur la réforme hospitalière
Le Conseil des ministres de Côte d’Ivoire de mercredi 13 mars dit ceci : « Au titre du Ministère de la Santé et de l’Hygiène Publique. Le Conseil a adopté un projet de loi portant réforme hospitalière. Ce projet de loi définit et fixe le cadre général de la réforme hospitalière. Cette réforme repose sur la création d’une nouvelle catégorie d’Établissement Public dénommé Établissement Public Hospitalier (EPH), qui porte le malade au cœur du système et permet aux hôpitaux de fonctionner suivant un mode de gestion axée sur les résultats, en leur donnant les moyens d’offrir des soins continus, globaux et de qualité au meilleur coût. Ce projet de loi engage une réelle modernisation de la gouvernance, de l’organisation et du fonctionnement des établissements hospitaliers, compte tenu de la faculté reconnue aux EPH d’exercer suivant un mode de gestion privée. Ce modèle de gouvernance garantit la gestion optimale du patrimoine et la participation des établissements hospitaliers privés au service public hospitalier, tout en préservant son caractère social. »
Pour faire plus simple, le privé va entrer dans la gestion de l’hôpital public ivoirien. Pourquoi une telle ouverture ? Le gouvernement ivoirien aurait pourtant pu lancer un appel à candidatures à des spécialistes de gestions pour diriger pour le compte de l’État les établissements hospitaliers publics. Ces personnes auraient pu rivaliser de plans d’action des réformes qu’elles pourraient engager pour moderniser nos centres de soins et les rendre moins budgétivores que non. On laisse entrer le privé dans l’entreprise publique tout en sachant qu’il n’aura pour unique objectif que la réalisation de ses profits. Le privé ne faisant jamais du social, contrairement à l’État, les populations ne devraient pas manquer de sentir ce changement.
Un exemple pas très loin, à Bingerville, confirme la mauvaise idée de confier la chose publique à un privé. L’épouse du Président Ouattara, Mme Dominique Ouattara a construit un hôpital baptisé « Mère enfant de Bingerville » avec l’aide financière de l’État. Ce n’est pas le centre le plus fréquenté par les femmes de Côte d’Ivoire et il ne faut pas chercher loin pour savoir pourquoi.
Dans cet établissement offert par le Président Ouattara à son épouse avec des fonds publics, un accouchement normal est facturé entre 255 000 FCFA et 350 000 FCFA. Comment cela devient-il possible dans un pays où le salaire moyen du travailleur est estimé à moins de 100 000 FCFA ? Une Césarienne sur place se pratique pour 650 000 FCFA ou 750 000 FCFA. Elles sont où les mères de Côte d’Ivoire qui peuvent s’offrir de tels soins ?
C’est un cadeau empoisonné qu’est en train de faire Alassane Ouattara aux Ivoiriens à qui il n’a jamais offert le million de travail pompeusement promis par lui lors de sa campagne présidentielle contre Laurent Gbagbo en 2010.
Confier la santé de ce pays au privé est tous sauf un service à ses concitoyens. Il est clair qu’avec cette nouvelle trouvaille, ceux qui espéraient payer 1000 pour bénéficier de soins illimités dans le cadre de l’Assurance maladie universelle peuvent sortir de leurs doux rêves puisque la réalité ne devrait pas tarder à les rattraper.