Oubliant les diamants de la rébellion, Guillaume Soro avait affirmé, à demi-mot, être déjà riche avant de devenir président de l’Assemblée nationale de Côte d’Ivoire. Devant les députés le 21 décembre 2017, lors de la session consacrée au budget du parlement, il ne va pas plus loin en ne citant que ses postes de ministre et Premier ministre qui lui auraient permis d’être riche. Pourtant l’honnêteté aurait recommandé d’aller justement plus loin en n’omettant pas le juteux poste de Secrétaire général du MPCI, mouvement de la rébellion ivoirienne, qu’il a par ailleurs assumé pendant de longues années. Un Curriculum Vitae ne commence-t-il pas par les postes les plus anciens ? Nelson Zimin vous invite à revisiter un pan du juteux pillage de diamants qu’il a supervisé en qualité de SG du MPCI et ministre pour le compte de la rébellion.
Diamants de Guillaume Soro ou le retour sur le plus gros pillage jamais réalisé sous nos cieux !
Il s’est bien rincé le Guillaume…
Nous sommes en 2009, Bobi est un petit village dans le nord de la Côte d’Ivoire, un pays d’Afrique de l’Ouest voisin du Liberia et de la Guinée. En ces temps pluvieux de juillet où les pistes boueuses deviennent impraticables, les 4×4 qui vont et viennent intrigueraient un étranger de passage.
Sous les grandes paillotes qui servent de bureaux à la coopérative des chercheurs de diamants, il grouille du monde comme dans une fourmilière. De temps en temps, une clameur plus forte qui domine tout le vacarme s’élève et retombe aussitôt : un diamant vient de trouver acquéreur. Les minutes qui suivent, un homme, les cheveux hirsutes et couverts de boue est emmené par des soldats dans une autre paillote, plus loin, baptisée non sans ironie » Bureau du partage ».
Une banque de diamants pour la rébellion de Guillaume Soro
Depuis 2003, la rébellion ivoirienne a installé l’un de ses quartiers généraux dans la zone diamantifère du pays et exploite les mines désertées par les travailleurs de la Société de développement des mines de Côte d’Ivoire (Sodemi) et surveillées, à l’époque, par la gendarmerie nationale.
Devenus propriétaires des mines de diamants, les rebelles de Guillaume Soro ont vite fait appel à d’anciens soldats de Sierra Leone et du Liberia affamés et désarmés. Ils leur ont offert l’exploitation des sites de diamants, leur sécurisation et le reversement de 60 % des ventes des diamants. Les rebelles ivoiriens se contentent dans cet accord de trouver les acheteurs. Ainsi chaque jeudi, d’imposants véhicules 4×4 venus de Guinée ou du Liberia affrontent la boue, la pluie ou le soleil pour venir acheter des pierres précieuses.
Pour contourner le processus de Kimberley qui impose l’embargo sur l’exportation de diamants dans les pays en conflits, les diamants achetés à Bobi sont acheminés en Guinée, au Burkina Faso ou au Mali. C’est à partir donc de Bamako, Ouagadougou ou Conakry que ces pierres précieuses venues de Côte d’Ivoire embarqueront pour la Belgique, Israël, l’Afrique du Sud, la Russie ou toute autre destination dans le monde.
Difficile d’abandonner autant de diamants
Selon des indiscrétions proches de la rébellion du tout puissant Guillaume Soro, la vente des diamants sortis des mines sous annexion aurait rapporté la bagatelle de 300 milliards de francs CFA, autour de 600 millions de dollars américains de 2003 à 2009. Tout ce pactole sert entre autres à financer l’achat d’armes, de munitions et à l’entretien des troupes rebelles qui seraient un peu plus de trente-cinq milles combattants à l’époque.
La rébellion ivoirienne peut donc continuer à afficher sa sérénité en soufflant le chaud et le froid à Abidjan. Elle dispose d’argent, de combattants, mais surtout de réservistes camouflés en travailleurs des mines, prêts à protéger des ressources « annexées ». Une chose est certaine : les anciens guérilleros libériens ou sierra-léonais se sont battus sans hésiter aux côtés des rebelles ivoiriens pour protéger ce qu’ils considèrent depuis 2003 comme leur chose : les mines de diamants de Bobi, de Diarabana, de Dualla et de Kani, à Séguela, dans le nord du pays.
Ainsi, jusqu’à la fin la crise post-électorale, les profiteurs de la crise n’ont pas forcément envie de faire un bilan du suçon de la moelle de l’os qu’ils ont gardé longtemps dans la bouche.
Mais pendant que nous y sommes, Guillaume Soro voudrait-il déclarer son patrimoine au peuple de Côte d’Ivoire et en justifier les origines avant de nous parler d’ambitions présidentielles ? L’histoire étant têtue, nous restons dans l’attente !
NELSON ZIMIN