Henri Konan Bédié s’est voulu très acerbe dans ses propos contre ses anciens alliés du RHDP unifié. Ce mercredi 6 mars, devant les Chefs traditionnels Nananfouê et Akouê de Yamoussoukro, le président du PDCI, Parti démocratique de Côte d’Ivoire, a en effet fustigé le Président Alassane Ouattara pour n’avoir pas tenu parole quant à une alternance en 2020 en faveur d’un militant actif du vieux parti, alors qu’il a bénéficié du soutien du peuple baoulé et des pédécéistes pour son élection (2010) et sa réélection (2015).
Du berger à la bergère, dira-t-on, car Kobenan Kouassi Adjoumani, Transfuge du PDCI-RDA et porte-parole du RHDP unifié, a aussitôt répliqué à ce discours qu’il juge de haineux.
L’intégralité de la punchline d’ Adjoumani à Bédié
Le mercredi 6 mars 2019, à l’occasion d’une rencontre improvisée avec des chefs traditionnels Baoulé à Yamoussoukro, le Président Henri Konan Bédié s’est illustré, encore une fois, à travers des propos haineux, tribalistes et choquants.
En effet, dans son adresse aux chefs, le président du PDCI-RDA a osé demander à ces gardiens de nos us et coutumes, ces têtes couronnées qui sont l’incarnation de la noblesse de nos traditions ancestrales, de huer certains de leurs enfants, comme le Ministre Amédée Kouakou, tout simplement parce que ceux-ci auraient commis le sacrilège de défendre des opinions politiques différentes de la sienne.
Pourquoi veut-on faire jouer à nos distingués chefs traditionnels un rôle aussi vil que déshonorant pour leur statut ? Pourquoi vouloir à tout prix obliger des chefs traditionnels qui sont en réalité des vecteurs d’unité et de rassemblement, à adopter une telle posture, si ce n’est de les rendre ridicules ?
Non Monsieur Bédié, le rôle d’un chef, ce n’est pas de huer, ce n’est pas d’insulter, de chasser ou de rejeter un fils, tout simplement parce qu’il pense et réfléchit différemment de vous. Que deviendrait en effet la Côte d’Ivoire si l’on demandait aux chefs des autres régions non acquises au PDCI-RDA de huer les envoyés du Président du PDCI-RDA si ces derniers s’aventureraient pour des besoins politiques dans leurs zones ?
Comment quelqu’un qui prétend prôner le rassemblement de tous les Ivoiriens sans exclusive, à travers une nouvelle plateforme peut-il tenir des propos aussi choquants ?
Aujourd’hui, nous comprenons mieux ce qui s’est passé lors du Bureau Politique du 17 juin 2018 où les plus hautes autorités de l’Etat, à savoir le Vice-président de la République, SEM Daniel Kablan Duncan, les présidents d’Institutions Jeannot Ahoussou Kouadio, Charles Diby Koffi et plusieurs ministres ont essuyé des huées au siège du PDCI-RDA, en présence du Président Bédié.
En réalité, cet acte n’était pas le fait des jeunes instrumentalisés comme on l’avait pensé. Ils ont plutôt agi sur recommandation du Président Bédié qui a affiché ce jour-là, un sourire et un silence approbateur devant ces agissements qui avaient choqué plus d’un.
Pour rappel, au moment où le Président Alassane Ouattara était baptisé « Allah Gnissan » en 2010, il y avait plus de 2000 chefs réunis dans la cour du Président Félix Houphouët-Boigny. Hier, c’est devant, à peine 150 chefs Baoulés convoyés de toute part que le Président du PDCI-RDA aurait cassé ce baptême, signe que nos têtes couronnées du Centre n’ont pas adhéré à son acte. Pis, c’est dans une salle de la mairie de Yamoussoukro qu’il s’est exprimé en lieu et place de la cour du Président Houphouët-Boigny comme c’était le cas en 2010.
Tout se passe en effet, comme si dans la tête du Président Bédié, les vrais baoulés, ce sont ceux qui sont avec lui et les faux Baoulé, ce sont tous ceux qui ne partagent plus ses orientations politiques.
Ainsi, après avoir inoculé le virus de la division dans le corps de la nation Ivoirienne à travers le concept de l’ivoirité, voilà que M. Bédié veut aujourd’hui créer une autre ségrégation entre les Baoulés, en distinguant les vrais Baoulés des faux Baoulés. Jusqu’où ira-t-il ?
En demandant aux chefs Baoulés de huer le Ministre Amédée Kouakou qui est le premier Vice-président du Mouvement SUR LES TRACES D’HOUPHOUET-BOIGNY, le Président Henri Konan Bédié demande aussi à ces derniers de nous huer tous. En d’autres termes, si moi, un Abron, je me rends au pays Baoulé, les chefs doivent me huer. Or, en vertu de l’alliance qui unit nos deux peuples, un Baoulé ne peut pas huer un Abron et Vice-versa. Là encore, M. Bédié, dans son obsession à préserver son prétendu bastion, veut fouler aux pieds cette alliance entre Baoulés et Abrons. Et cela est grave pour la cohésion pacifique scellée depuis des générations par nos ancêtres.
Le nouveau concept « Un Baoulé reste un Baoulé » affirme-t-il pour renforcer l’idée selon laquelle les Baoulés, les vrais sont ceux qui épousent de façon inconditionnelle sa ligne de pensée et sa trajectoire politique. Le RHDP ne fait rien d’autre que promouvoir l’Houphouétisme et ses valeurs. Le RHDP veut immortaliser Houphouët-Boigny et ses œuvres. Le Président Houphouët-Boigny n’a jamais fait du peuple Baoulé son bastion pour gouverner la Côte d’Ivoire. Il a toujours œuvré à rassembler les Ivoiriens de toutes les origines.
Les grands hommes d’Etat ne volent jamais bas. C’est pourquoi, en dépit de toutes les attaques dont il est la cible de la part du Président Bédié, il ne viendra jamais à l’esprit du Président Alassane Ouattara de « débaptiser » le pont HKB. Un grand homme doit rester un grand, dans l’âme. Etre un nouvel opposant n’est pas une licence pour s’en prendre à tort à tous ses alliés d’hier.
Au moment où le Ministre Amédée Kouakou a choisi d’emprunter les traces d’Houphouët-Boigny, pour le développement initié par le Président Alassane Ouattara, le Président Bédié décide d’être sur les traces des opposants d’Houphouët-Boigny dont il se réclame digne héritier.
Dans tous les cas, pour prouver que nous aussi, nous sommes liés au peuple Baoulé à travers Houphouët-Boigny, je lui donne rendez-vous le 23 mars 2019 à Bouaké, au cœur du pays Baoulé.
KOBENAN KOUASSI ADJOUMANI
Porte-Parole Principal du RHDP