Difficile de comprendre Mamadou Koulibaly, candidat du parti Lider à l’élection présidentielle de 2020. Entre de brillantes propositions et analyses, sa stratégie de loup solitaire convainc peu et rassemble mal. S’il n’arrive pas à rassembler des masses, Mamadou Koulibaly ne se fond pas dans les coalitions. Alors qu’il demande depuis 2011, une réforme de la CEI et du code électoral, c’est avec étonnement que l’on enregistre un rejet de toute coalition de sa part, avec les partis d’opposition qui s’activent pour obtenir les réformes demandées. Que veut Mamadou Koulibaly, l’incompris de la politique ivoirienne ? Nelson Zimin y passe la loupe.
Mamadou Koulibaly, comme le fou du roi
Mon cher DEGBA,
J’ai appris ce matin par le biais de tes petits frères que le Maire de la commune de Cocody a organisé une « marche blanche ». Pour quoi faire ? Chasser les « gnambros » (syndicalistes rançonneurs de voyageurs) des gares intercommunales de sa chique commune. J’en ai ri tellement le tableau est exotique et inédit. Marcher pour chasser des gens qui vivent de rançonnage de voyageurs, et dont la filière est connue du ministère des Transports et des autorités du pays. Il fallait le faire. Mais ça se voit qu’il est nouveau. Sinon, ce n’est pas le but de ma correspondance de ce soir.
Tu sais, j’ai lu ceci : « est-ce qu’il n’est pas possible de faire ce combat pour la CEI, le code électoral et le recensement électoral sans parler de coalition » ? À moins que le professeur Mamadou Koulibaly ne veuille changer le monde tout seul, il devrait apprendre à être réaliste. Comment comprendre ce radical qui donne l’impression de travailler pour le pouvoir en place? Depuis un moment, même si « les jeudis c’est Kool » attire le public, Mamadou Koulibaly, au-delà des vidéos démonstratives qu’il présente, donne l’impression d’être dans le rôle du « fou du roi ». Celui par qui la vérité vient à la lumière, mais qu’on ne considère pas, parce qu’il est « comme ça ». Il se méfie de tous et dénonce tout. « Comment faire confiance à ceux qui me disaient-il n’y a pas longtemps que ces institutions (la CEI, le code électoral, etc.) étaient bonnes et qu’elles devaient rester en l’état » ? disait-il récemment dans un tweet, comme pour justifier son absence des coalitions politiques qui se mettent en place, pour tenter de gagner le pouvoir d’État en 2020. Lucky Lucke en mourrait de Jalousie ma foi !
Seul contre tous, Mamadou Koulibaly assume une posture de prophète
« Nous voulons, depuis 2011, la réforme de la CEI, eux aussi, en 2019. Nous voulons la révision du code électoral depuis 2011, eux aussi en 2019. Nous voulons le recensement électoral depuis 2011, eux aussi en 2019. Nous voulons la démocratie, l’état de droit. Eux aussi. Où est donc le problème » ? Mamadou Koulibaly est à l’aise avec cette posture transgressive et commune à la fois. Votre professeur tourne au sol du populisme qui lui manque vraiment. Depuis son départ du FPI, au plus fort de la crise ivoirienne en 2011, Mamadou Koulibaly a baissé dans l’estime des Ivoiriens. A-t-il trahi Laurent Gbagbo ? Difficile de le dire. Mais qu’importe. Dans cette affaire, votre professeur a été condamné avant même d’avoir eu le temps de s’expliquer. Depuis ce temps, il est traité comme un fils de mouton noir, comme Britius pour César. Mamadou Koulibaly souffre « d’avoir raison », mais de ne pas être écouté comme il l’espère. Il en ironise même parfois; « Il y’a déjà tellement de gens, une majorité même, semble-t-il, qui reconnaissent chaque jour et célèbrent les bienfaits de la politique de Ouattara et de son gouvernement, qu’une minuscule petite voix discordante qui en souligne les méfaits ne devrait point constituer une gêne ».
Frère, Mamadou Koulibaly est en effet la fausse note de l’opposition ivoirienne en ce moment, selon qu’il a raison, mais pas écouté, ou qu’il est brillant, mais s’intègre mal ou pas du tout. Comment en tirer le meilleur d’un homme qui passe le clair de son temps à faire de la pédagogie, plutôt que de la politique avec les codes de chez nous ? Mamadou Koulibaly, même s’il n’est pas hors sujet de la politique du pays, est hors contexte et c’est bien dommage !
Mon cher DEGBA, je vais devoir rejoindre mon lit et laisser la nuit me porter conseil. Qui sait ? À mon réveil je te dirais pourquoi « Hamadou cimetière » a été dégommé du gouvernement. Pour l’heure, « Mieux vaut mourir incompris que passer sa vie à s’expliquer » William Shakespeare et moi te souhaitons bonne nuit…
À bientôt,
Nelson Zimin