De mémoire d’Ivoirien, aucune question n’a jamais autant divisé la classe politique que celle de la réforme de la CEI (Commission électorale indépendante), après celle de la nationalité. Réunis au sein d’une coalition, les partis politiques de l’opposition ivoirienne portée par le PDCI ont tenu une assemblée plénière au siège du PDCI RDA à Cocody, pour harmoniser leurs propositions en vue d’une réforme de la CEI en profondeur. De son côté, le gouvernement considérant la commission électorale déjà très « inclusive », propose une recomposition des commissions. Quelle sera l’issue de ce nouveau bras de fer entre le gouvernement et une opposition très divisée ?
Assemblée plénière de l’opposition pour une réforme de la CEI
Le vendredi 1er mars 2019, un communiqué sanctionnait les travaux de l’assemblée plénière de l’opposition portée par le PDCI, qui s’est réunie pour analyser et adopter des résolutions relatives à la réforme en profondeur et de manière inclusive de la Commission Électorale Indépendante (CEI). Les travaux qui se sont déroulés au siège du PDCI RDA ont enregistré la présence du président Henri Konan Bédié, président du parti Démocratique de Côte d’Ivoire, qui a effectué le déplacement depuis son fief de Daoukro, le président du FPI Pascal Affi N’Guessan, monsieur Gnamien Konan, Bamba Moriféré et bien d’autres personnalités politiques.
Affoussiata Bamba Lamine représentait le député Soro Guillaume, occupé à la promotion de son comité politique. Cette réunion a été organisée pour faire suite à la réunion convoquée par le Premier ministre Amadou Gon Coulibaly, le 21 janvier 2019, occasion à laquelle les partis politiques avaient été invités à faire des propositions pour la réforme de la CEI. Il faut noter qu’à cette consultation, des partis politiques tels que Lider du professeur Mamadou Koulibaly et le FPI tendance Laurent GBAGBO avaient été exclus et manifesté leur mécontentement. À l’issue de cette réunion, le Premier ministre avait demandé aux partis politiques d’adresser individuellement dans les quinze jours suivants la rencontre, leurs propositions de réforme de la CEI.
Une réforme de la CEI qui s’annonce difficile au regard des exigences de l’opposition.
Monsieur N’dri P. Narcisse, porte-parole du PDCI RDA, à la lecture du communiqué a précisé les raisons qui ont motivé la tenue de l’assemblée plénière, et qui a étudié les propositions de l’opposition, à l’épineuse question de réforme de la CEI. Selon ce communiqué, « les présidents des partis politiques de l’opposition ont adressé un courrier le 30 janvier 2019 indiquant à monsieur le premier ministre, l’impérieuse nécessité de mettre en place un cadre de concertation élargi impliquant tous les partis politiques, sans exclusive, la société civile et le gouvernement ». Cette requête est restée sans suite, ont regretté les présidents des partis politiques de l’opposition emmenés par le PDCI, comme libellé dans le communiqué. C’est également le lieu de rappeler que le gouvernement du président Alassane Ouattara prévoit une recomposition des commissions de la CEI alors que l’ensemble de l’opposition appelle unanimement à la réforme profonde et inclusive de la CEI. De son côté, Ensemble pour la démocratie et le développement (Eds), présidé par Georges Armand Ouégnin et proche du FPI de Laurent GBAGBO, a exigé du gouvernement d’inclure tous les acteurs qui participent à l’animation de la vie de la nation. Et ce, relativement à la réforme « en profondeur » de la Commission électorale indépendante (CEI). Cette exigence, il faut le souligné, a été rappelée avec insistance par le porte-parole du PDCI RDA, à la lecture du communiqué qui a sanctionné l’assemblée plénière.
Une réforme de la CEI n’est pas nécessaire selon le gouvernement qui la considère « inclusive »
Le ministre Sidi Touré, porte-parole du gouvernement, à l’issue du conseil des ministres du 27 février dernier a fait remarquer que la CEI actuelle est la plus « inclusive ». « Elle a été mise en place avec la participation de toutes les sensibilités à un moment plus critique que celui que nous vivons aujourd’hui en Côte d’Ivoire. L’opposition, dans sa diversité actuelle, était partie prenante. Tout le monde a contribué à mettre en place cette CEI », a-t-il précisé. Si le communiqué de l’assemblée plénière de l’opposition portée par le PDCI indique que « l’opposition a décidé de parler d’une même voix, et de proposer un document unique conformément à l’arrêt rendu par la Cour africaine des droits de l’homme et des peuples le 18 novembre 2016 », ce n’est pas encore le cas.
Certaines organisations de la société civile et des partis politiques ont déjà adressé leurs propositions de réformes de la CEI au ministère de l’Intérieur. Entre temps, vingt-deux partis et groupements politiques s’étaient réunis début février pour demander aux autorités de convoquer une « large concertation consensuelle et inclusive, dans un cadre tripartite comprenant les partis politiques, les organisations de la société civile et le gouvernement ». Un processus qui sera difficile à mener dans un contexte déjà fragilisé par des tensions et intimidations politiques
Nelson ZIMIN