En Afrique, le domaine du cinéma est prometteur. Et pour relever le défi de l’industrie cinématographique de demain, les États doivent miser sur la jeunesse. C’est ce qui ressort de l’entretien que nous a accordé Gervais Hien(président de la commission Communication et publication du Fespaco 2019), le samedi 23 février, à Ouagadougou, en marge de la cérémonie d’ouverture du cinquantenaire du Festival panafricain de cinéma.
Le Fespaco est aujourd’hui un patrimoine africain, selon Gervais Hien>
Nous venons d’assister à la cérémonie d’ouverture du Fespaco, et nous sommes intéressés de savoir dans quelles conditions votre équipe et vous avez travaillé afin d’atteindre le résultat que nous voyons.
Dans un premier temps, je dois dire que c’est en union et en solidarité avec toute l’Afrique, même la diaspora que nous avons pu atteindre ce résultat. Parce qu’il y a un an, entre fin novembre et début décembre 2018, nous étions réunis ici, à Ouagadougou, avec les cinéastes africains ainsi que ceux de la diaspora dans le cadre d’un atelier international de réflexion sur le cinquantenaire du Fespaco. On a jeté les bases, et puis les choses ont évolué. On a essayé de tenir compte de tout ce qu’on pouvait mettre comme contenu afin de réussir ce cinquantenaire. À l’issue de cet atelier, on a tenté, au niveau de la maison, je veux dire la structure Fespaco, d’essayer tant que faire se peut, de pouvoir finaliser toutes les idées retenues afin d’atteindre le résultat que nous avons eu aujourd’hui.
Quelles difficultés avez-vous rencontré dans le cheminement de votre préparation ?
En général les difficultés que nous rencontrons sont d’ordre financier. Mais il y a un effort qui a été fait en vue de débloquer de quoi nous permettre, à M-1, c’est-à-dire à quelques mois avant le festival, de disposer des conditions financières en vue de l’organisation du festival. L’État burkinabè qui s’engage à chaque édition a fait un effort supplémentaire. Et vous assez bien que l’enveloppe tourne autour de 500 à 600 millions (de francs CFA, ndlr). Mais cette année, nous sommes allés au-delà du milliard. Il faut saluer l’État pour cela. Il y a aussi le soutien que nous recevons des partenaires historiques du Fespaco qui ont encore manifesté leur engouement et qui ont financièrement accompagné ce festival. Et tout cela a permis effectivement, dans cette solidarité agissante, de pouvoir parvenir à cette réussite que nous connaissons aujourd’hui avec ce spectacle que nous venons de vivre.
Doit-on comprendre, à travers l’augmentation du budget alloué au Fespaco, que l’administration Kaboré s’implique plus dans la promotion du cinéma que les précédentes ?
Non. Chacun voulant apporter sa touche, pour ne pas dire sa marque, l’administration Christian Kaboré y a vu un engagement. C’est-à-dire que le président actuel autant que les précédents a compris que cet appui était nécessaire, d’autant plus qu’il s’agit du cinquantenaire qui est évènement spécial. L’État a davantage fait un effort pour soutenir afin que ce cinquantenaire soit une réussite. Maintenant ce qu’il faut espérer, c’est que cela se maintienne et que cette dynamique puisse se poursuivre, et qu’on puisse faire davantage d’effort dans l’accompagnement financier de ce grand festival qui est aujourd’hui un patrimoine africain.
En tant que membre du comité d’organisation de ce cinquantenaire, quelles sont vos impressions après la cérémonie d’ouverture à laquelle nous venons d’assister ?
Aujourd’hui, j’ai vécu quelque chose de différent. En général, le spectacle se compose de créations artistiques et chorégraphique. Ce n’est pas le cas aujourd’hui. Tout était en images, orienté sur le cinéma. Et c’est ce qu’il y a de beau. On a conféré tout au septième art. Et c’est cette originalité qui m’a beaucoup marqué. Après ce que j’ai vu, je peux dire que l’art a de belles perspectives devant lui.
Quels sont selon vous les défis que devront relever les cinéastes africains pour se porter vers le sommet ?
Il faut mettre, sans hésiter, l’accent sur ceux-là qui vont faire notre cinéma demain. Ils vont relever le défi de l’industrie cinématographique de demain. Il faut miser sur les jeunes, les former afin qu’ils fassent autant que ceux-là même qui ont permis au cinéma africain d’être porté si haut et si loin. Je pense à Idrissa Ouédraogo ; je pense aux cinéastes africain comme Sembene Ousmane, Moustapha Alassane et bien d’autres qui ont porté haut le flambeau. Je crois que si on mise sur la jeunesse en leur donnant les bases qu’il faut, vous verrez qu’ils vont porter haut et loin le cinéma africain, et le Fespaco se portera bien.
Georgette IBO (ISTC Polytechnique)