Au Venezuela, la crise qui s’éternise entre le président Nicolas Maduro et l’opposant autoproclamé « Président par intérim » s’est déplacée sur le terrain diplomatique. Ce glissement de la crise postélectorale vénézuélienne sur le terrain diplomatique offre aux alliés de Juan Guaido, farouche opposant de Maduro, l’opportunité d’une intervention militaire extérieure, sous l’aspect d’une guerre civile.
Venezuela : Posture de conservation et une crise qui s’enlise
L’instinct de conservation impose parfois une posture que le commun des mortels comprend difficilement, lorsqu’on observe une crise de l’extérieur. Quel est ce leader et président de la République d’un pays en crise sur tous les plans, qui refuserait de soulager son peuple d’une aide humanitaire venue de l’extérieur ?
Nicolas Maduro, président sortant lors de la dernière élection présidentielle au Venezuela persiste à empêcher l’entrée sur le territoire national, l’aide humanitaire venue des États-Unis. L’histoire se répète, mais sous différents cieux. De fraiche mémoire, le monde se souvient encore de la crise ukrainienne. Le 22 aout 2014, après une semaine d’attente au poste-frontière qui la sépare de l’Ukraine, la Russie avait réussi à faire entrer ses camions chargés de 1800 tonnes de vivres et non vivres destinés aux populations de l’est du pays. En réalité, les conducteurs qui avaient convoyé cette aide étaient des éléments des forces spéciales russes. Des combats s’en étaient suivis et cette zone de l’est de l’Ukraine avait été occupée. L’Union européenne avait alors évoqué « une violation du droit international ». Nicolas Maduro, craignant cette probabilité « d’invasion » par les « gringos » de son pays, joue la fermeté, puis maintient le blocus aux frontières avec la Colombie de Ivan Duque et le Brésil de Jair Bolsonaro. Quant à la situation humanitaire, elle s’amplifie dans un pays où l’hyperinflation et la contrebande contraignent le peuple au désarroi. Mais en face, Juan Guaido et ses partisans exploitent la situation de fort belle manière.
Guaido déplace la crise sur le terrain diplomatique et tente d’isoler Maduro
Selon le journal français LE FIGARO, des incidents ont éclaté ce samedi 23 février 2019, à la frontière entre la Colombie et le Venezuela, où un convoi d’aide humanitaire accompagné par le président vénézuélien autoproclamé Juan Guaido est arrivé malgré l’opposition du président Nicolas Maduro, qui a annoncé la rupture des relations diplomatiques avec la Colombie. La tension est également vive à la frontière brésilienne, où deux personnes ont été tuées samedi, selon une source médicale au Brésil.
Coup de génie de Guaido dans la gestion de la crise vénézuélienne .Dans ce bras de fer qui oppose les deux hommes depuis plusieurs semaines, Juan Guaido a consolidé ses positions. Pousser Maduro à la faute a été un point décisif marqué par Guaido. Alors que plusieurs pays de la région lui apportent leur soutien, isoler Maduro de ses voisins immédiats lui donne l’avantage du terrain. Le Brésil, la Colombie, et même la Guyane pourraient servir de base arrière à tous les militaires déserteurs et exilés pour un prochain assaut militaire. Si Guaido a offert la rupture des relations diplomatiques avec la Colombie à Nicolas Maduro, il s’est lui aussi offert un nouveau QG, la ville d’Urena. L’occupation de cette ville frontalière avec la Colombie a été marquée par un meeting vendredi, à Cucuta, où a été organisé le gigantesque concert Venezuela Aid Live, monté du côté colombien de la frontière, par le milliardaire britannique Richard Branson, qui a été l’un des grands financiers des campagnes présidentielles de Barack Obama. L’occasion a été donnée à Guaido de tenir un meeting face à ses partisans venus nombreux de l’autre côté de la frontière, en présence de trois présidents de la région, dont le président colombien Ivan Duque. C’est dire l’importance des enjeux. La dernière pièce de ce puzzle diplomatique et militaire, les États-Unis.
Exacerbés par la crise humanitaire, les États-Unis menacent
Premier soutien de Juan Guaido dans cette crise Vénézuélienne, les États-Unis par la voie de John Bolton, conseiller à la sécurité nationale du président Donald Trump, a appelé les militaires vénézuéliens à se rallier au président par intérim et menacent d’imposer de nouvelles sanctions au Venezuela la semaine prochaine si les convois humanitaires restent bloqués ce week-end. Un acte fort a accompagné la déclaration du sécurocrate de Donald Trump. John Bolton a annulé une visite prévue ce week-end en Corée du Sud pour s’entretenir avec ses alliés. « John Bolton veut superviser les événements au Venezuela », a précisé son porte-parole Garrett Marquis. Le soutien de la Colombie et du Brésil, dont les présidents récemment élus sont particulièrement hostiles au pouvoir socialiste vénézuélien, reste précieux pour les États-Unis qui veulent visiblement mettre fin à la révolution bolivarienne.
Nelson Zimin