Reporters sans frontières, estime que « le caractère arbitraire et politique de la détention » de Amadou Vamoulké, l’ex-patron de l’office de radio et télévision du Cameroun (CRTV), poursuivi pour un détournement présumé de près de trois milliards FCFA, par le Tribunal criminel spécial (TCS) de Yaoundé, « ne fait aucun doute. »
Vamoulké victime de la politique de son son pays selon Reporters sans frontières
« Après plus de deux ans et demi de détention provisoire, le caractère arbitraire et politique de la détention de ce journaliste ne fait aucun doute », a déclaré le responsable du bureau Afrique de RSF, Arnaud Froger, ajoutant que l »organisation est déterminée à poursuivre et accentuer la mobilisation pour que cette cabale judiciaire prenne fin. »
M. Froger s’exprimait au cours d’une conférence à l’Assemblée nationale française pour « dénoncer la détention illégale au Cameroun depuis plus de 30 mois » de M. Vamoulké.
En plus de RSF, la fédération internationale des ligues des droits de l’Homme (FIDH), le Réseau des défenseurs des droits humains en Afrique centrale (REDHAC), Alain Massé (Alain Massé, ex-DG Radio France), Abdessalam Kleiche, vice-président de l’ONG Alliance internationale pour la défense des droits et des libertés (AIDL) tout comme les députés Sébastien Nadot, Eric Coquerel ont participé à la rencontre.
Le 31 janvier, neuf parlementaires français issus de sensibilités politiques différentes avaient envoyé une lettre au président Emmanuel Macron et au ministre des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian pour leur demander d’utiliser « leurs relations diplomatiques privilégiées afin d’assurer la réhabilitation et la libération la plus rapide possible » de Vamoulke.
Au cours de la conférence, les députés Nadot et Coquerel ont annoncé leur intention de solliciter un rendez-vous auprès de la présidence de la République et du ministère des Affaires étrangères pour évoquer la situation du journaliste. Ils n’excluent pas d’envoyer une délégation parlementaire au Cameroun par la suite.
L’ex-patron de la CRTV est poursuivi pour un détournement présumé de près de trois milliards FCFA, représentant le déficit de « report de trésorerie » à son arrivée à la tête de l’office de média public en janvier 2005, en co-action avec l’ex-ministre des Finances Polycarpe Abah Abah.
Le 29 juillet 2016, il a été placé sous un mandat de détention provisoire à la prison centrale de Yaoundé, et plaidé non-coupable, à l’ouverture de son procès (31 juillet 2017).
Le Comité international pour la réhabilitation et la libération de Amadou Vamoulké (CIRLAV) et l’Alliance internationale pour la défense des droits et des libertés (AIDL), deux organisations qui soutiennent sa cause, dénoncent un « procès politique. »
Reporters sans frontières qui a saisi le groupe de travail de l’Organisation des Nations unies sur la détention arbitraire de l’ex-patron de la CRTV le 16 janvier, souhaite que l’organisation reconnaisse le caractère arbitraire de son incarcération.
Amadou Vamoulké devrait comparaître devant le TCS le 1er mars, après « 16 renvois successifs », à la demande du ministère public pour ses réquisitions intermédiaires.
Créé en 2011, le TCS de Yaoundé est spécialisé dans la répression de la grande corruption, pour des montants à partir de 50 millions.