Sans surprise et comme annoncé depuis quelques jours, Guillaume Soro a démissionné vendredi de la présidence de l’Assemblée nationale de Côte d’Ivoire, à l’issue d’une brève session extraordinaire qu’il avait convoquée.
Guillaume Soro rend le tablier
A événement exceptionnel, dispositif sécuritaire particulier et exceptionnel. Près de 300 policiers dont certaines munis de matraques et vêtus de gilets avaient quadrillé le périmètre du siège de l’Assemblée nationale situé en plein cœur du Plateau, centre des affaires d’Abidjan, la capitale économique ivoirienne.
A l’intérieur du bâtiment, les journalistes avaient effectué nombreux le déplacement. Les sièges réservés à la presse s’étant révélé peu suffisant pour les hommes des médias dont la plupart étaient restés débout pendant toute la cérémonie à laquelle ont également assisté de nombreux proches de Guillaume Soro dont l’ancien député Tefhour Koné, candidat à la dernière élection municipale à Abobo (nord d’Abidjan), Félicien Sekongo et Meité Sindou, deux de ses conseillers.
Prévue pour démarrer à 11H00 GMT, la session a débuté avec une cinquantaine de minutes de retard.
Sous escorte policière, Guillaume Soro est arrivé dans son cortège habituel de président de l’Assemblée nationale, constitué de rutilantes et luxueuses berlines de fonction, avant de faire son entrée dans la salle sous des applaudissements timides.
Après l’appel nominal des députés et des observations soulevées par deux députés sur l’ordre du jour de cette session, l’ex-Premier ministre a pris la parole.
“A cet instant précis, je rends ma démission du poste de président de l’Assemblée nationale’’, a-t-il déclaré, du haut de la tribune de l’Assemblée nationale, d’un ton grave et solennel, face aux 245 députés présents sur les 252 que compte l’hémicycle.
Dans un discours d’une dizaine de minutes, il est revenu sur les circonstances de cette démission qui était attendue depuis quelques jours, à la suite de son refus d’adhérer au Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP du chef de l’Etat Alassane Ouattara).
“J’ai eu plusieurs rencontres avec le président de la République au cours du mois de janvier. Il a été question de mon positionnement idéologique par rapport au RHDP’’, a-t-il expliqué.
“J’étais face à un dilemme. Trahir mes convictions, donc sauver un poste confortable, ou descendre de mon piédestal et rendre ma démission de mes fonctions, afin de pouvoir me regarder dans une glace’’, a encore expliqué l’ex-chef de la rébellion des Forces nouvelles (FN).
C’est sous les applaudissements, y compris de la part de députés membres de la mouvance présidentielle, que les parlementaires ont accompagné leur ex-président, qui a quelques instants plus tard quitté l’Assemblée nationale, lui-même au volant d’un banal petit véhicule de marque Fiat, sans escorte policière cette fois, en s’exclamant : “ça, c’est ma voiture !’’
“Enfin ! je suis chômeur maintenant. Donc je demande à tous mes crusheurs et crusheuses de se mobiliser pour me donner deux sacs de riz pour manger par mois’’, a-t-il tweeté plus tard.