La médecine traditionnelle, sacrifiée dans plusieurs de nos pays africains, n’est-elle pas le vrai remède à nos maladies ? Si vous n’êtes pas malade, c’est que vous êtes dans la catégorie de ceux qui ne le savent pas encore. Bonjour !
La médecine traditionnelle, vrai remède aux fausses maladies ?
Cher DEGBA,
J’ai appris ce matin des choses intéressantes, mais aussi horribles. Des choses qui font vraiment honte à la morale d’une nation et de certaines institutions ! La petite fête que vous aviez prévue pour célébrer le retour du CHAT DE MAMA et de son GRIOT EN CHEF dans leurs villages n’a pas eu lieu, et je comprends votre déception. Libérer des gens acquittés sous conditions, avec l’autre procureure qui continue de menacer. Soyez heureux qu’un pays ait accepté d’accueillir au moins l’un d’eux, sinon ils seraient encore en prison « pour faute de terre d’accueil ». Risible décision qui relève de l’innovation judiciaire d’anthologie !
Pour rire, j’ai ri ce matin aux propos de cette députée de Tingréla qui a injurié les femmes du PDCI et d’une en particulier. Si la morale politique pose problème par chez nous, cette frappe de la députée est digne d’un enfant de nos écoles primaires. Injurier les parties intimes d’une femme, mère de famille en public, il faut avoir une éducation de phacochère pour le faire ; il faut se soigner !
Tiens, d’ailleurs j’ai une question pour toi au sujet de la santé : pourquoi depuis les années 80, avec l’évolution de la médecine, la poliomyélite et le paludisme n’ont pas encore disparus de notre environnement ?
– Parce que nous n’en fabriquons pas les remèdes… Très bonne réponse, mais il y’a autre chose !
Quand la médecine traditionnelle redonne vie au Ghana
Tu sais, vous êtes encore chanceux d’avoir les feuilles de neem et autres écorces d’arbres ou plantes pour renforcer votre système immunitaire. Cette chance, nous risquons de la regretter un jour tant nous ne savons pas relativiser les choses. Un pays voisin, le Ghana est en train de saisir cette chance de la nature pour soigner ses fils. La médecine traditionnelle est une alternative crédible pour lutter contre la pauvreté et accroître notre espérance de vie en Afrique, face au lobby pharmaceutique.
Ça tombe bien, et je t’en parle.
En 2015, l’industrie pharmaceutique a réalisé un chiffre d’affaires de 1000 milliards de dollars. C’est plus que l’industrie pétrolière et du Luxe réunis. Elle sera plus dure à avaler cette pilule quand tu liras ce qui suit.
Une étude révèle qu’en France, 80% des médicaments ne soigneraient pas. Pourtant le commerce des médicaments a rapporté 26,8 milliards d’euros en 2013 à la France, soit 3 milliards de boîtes vendues à raison de 48 boites par personne par an. Du coup tu te trouves très con alors qu’on se dit « les médicaments c’est pour nous soigner » ? Mais cela ne devrait pas t’étonner qu’en Côte d’Ivoire, il fût une année où l’on a consommé de la craie en lieu et place du paracétamol. Ce n’est pas un mythe. Si dans les pays développés où les standards de qualité sont rigoureusement appliqués, imagine dans quelle pollution sanitaire nous baignons.
Tu sais, les groupes pharmaceutiques qui ont des succursales chez nous sont des entreprises comme toutes autres, qui ont besoin de faire du chiffre. Alors les industriels du secteur entretiennent le business. Soit on crée des maladies, ou on entretient le spectre de celles qui constituent des produits leaders de ces industries chez nous, ou bien les deux. C’est mieux !
Médecine traditionnelle, le bon moment pour la relancer
Qui dit nouvelles maladies, dit nouveaux médicaments pour lesquels le lobby pharmaceutique démarchent docteurs et autres spécialistes afin de diagnostiquer la nouvelle maladie pour prescrire le nouveau médicament avec en bonus, un petit paracétamol pour agrémenter le menu. L’ingéniosité humaine me fascine !
En 2013, neuf (9) des dix (10) plus grandes entreprises pharmaceutiques (Pfizer, Sanofi, gsk, Novartis, Merck, Lilly etc..) ont investi plus d’argent en marketing qu’en recherche et développement. Rien qu’aux États-Unis, le budget publicitaire des entreprises pharmaceutiques représente 28 milliards de dollars /an. La plus grande partie de ces budgets est utilisée pour démarcher directement les médecins. En France certains laboratoires dépenseraient 25000 € / an et par médecin pour les convaincre de prescrire leurs médicaments.
L’arnaque est tellement grosse que la pilule est impossible a gober, quand tu entends l’Organisation mondiale de la Santé dire qu’en« 2016, la majorité (74 %) des investissements destinés à la lutte contre le paludisme ont été dirigés vers la région Afrique de l’OMS, suivie par les régions Asie du Sud-Est (7 %), Méditerranée orientale et Amériques (6 % chacune), et Pacifique occidental (4 %) », soit au total 800 millions de dollars pour nous refourguer des solutions qui ne résolvent pas durablement nos problèmes. L’Afrique est un gros client en effet et la grosse dinde farcie!
Pour atteindre l’objectif de réduction de l’indice du paludisme soit à 40%, le GTS de l’OMS a estimé que les financements devaient passer à US$ 6,5 milliards par an d’ici 2020. Les US$ 2,7 milliards investis pour lutter contre le paludisme en 2016 représentent moins de la moitié (41 %) de ce montant selon le world-malaria-report-2017/fr. Et à côté de cela les fabricants de moustiquaires imprégnées d’insecticide (MII) indiquent qu’ils ont fait une bonne affaire : 582 millions de moustiquaires livrées dans le monde entre 2014 et 2016. Tu m’étonnes que le business de ton « Djêkoidjo » à encore de beau jour devant lui, et ce n’est que pour le paludisme !
La médecine traditionnelle, contrepouvoir de l’industrie pharmaceutique
À l’ouverture de l’atelier sur la fabrication des médicaments dans l’espace CEDEAO qui s’est tenu du 12 au 13 novembre 2018 à Abidjan, le ministre ivoirien de la Santé et de l’Hygiène publique, Eugène Aka Aouélé, a souligné que : «L’industrie pharmaceutique est une priorité pour le gouvernement. D’où la présence de la coordination régionale dudit projet à Abidjan. Ce qui démontre aussi la détermination du pays à donner une place importante à l’industrie pharmaceutique dans son plan de développement ». Oui, mais ce sont des groupes étrangers qui s’installeront pour rentabiliser sur une main-d’œuvre locale à bas prix et profiter d’une zone fiscale généreuse, avant de polluer notre environnement, nous rendre malades avant de nous revendre les mêmes médicaments qui ne nous soigneront pas. Cercle visqueux !
À aucun moment le gouvernement n’évoque l’exploration des possibilités qu’offre la médecine traditionnelle, médecine bio. Pire, au lieu d’investir dans la recherche et le développement pour une médecine bio nationale, le gouvernement a acheté et distribué 8 millions de moustiquaires imprégnés, au bilan de la journée mondiale de lutte contre le paludisme le 30 avril 2013, avant d’ouvrir une ligne budgétaire de plus de 2 milliards de FCFA consacrée à la lutte contre cette pandémie. Malgré cela le paludisme continue d’être responsable de 40% des causes d’absentéisme en milieu scolaire et professionnel, et de 50% de perte de revenu agricole. Maigres revenus de leur misère !
Les populations consacrent environ 25% de leurs revenus pour la prévention et le traitement de cette maladie. C’est une question de développement qui doit être traitée par des initiatives durables. Il faut l’appréhender comme une question de développement durable, à laquelle je te laisse réfléchir avec mon confrère SOULEYMANE BOEL en ces termes : « L’industrie pharmaceutique forme un puissant lobby qui influe fortement sur la politique des états, plus soucieuse de s’enrichir que de stopper des hécatombes silencieuses ».
À BIENTÔT,
NELSON ZIMIN
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