Les djihadistes et les Forces armées maliennes (FAMA) sont « responsables des violences, d’exactions et crimes commis dans la région Centre » du Mali depuis 2012, la mettant « aujourd’hui dans une situation d’insécurité alarmante », selon un rapport conjoint de l’Association malienne des droits de l’homme (AMDH) et la Fédération internationale des ligues des droits de l’homme (FIDH) rendu public mercredi à Bamako.
Un rapport accable les djihadistes et l’armée malienne
Désignant le Centre du Mali comme étant la région qui concentre 40% des attaques djihadistes dans ce pays, l’AMDH et le FIDH ont établi que 1.200 civils ont été tués dans cette zone de 2016 à 2018 et une cinquantaine de villages brûlés, provoquant la fuite d’au moins 30.000 personnes.
Aux nombres de ces exactions commises dans cette partie du Mali, les deux associations des droits de l’homme ont indiqué que les FAMA, qui sont régulièrement l’objet d’attaques dans le Centre, ont arrêté et exécuté 67 individus, en majorité des civils peuls, présentés comme des terroristes et ont fait disparaitre leur corps dans des fosses communes.
« Nous n’accusons pas directement les FAMA de ces crimes, mais nous disons sur la base de preuves et de témoignages qu’ils en sont des responsables », a soutenu le président de l’Association malienne des droits de l’homme, maître Moctar Mariko, espérant « avoir un autre rapport contradictoire de l’armée malienne, parce que, qui ne dit rien consent », a-t-il rappelé.
Ce rapport sur la situation sécuritaire au Mali est le quatrième en trois mois, après celui d’un groupe d’experts de l’Organisation des Nations unies (ONU), du secrétaire général de l’ONU et d’un expert indépendant onusien, et tous se rejoignent sur le caractère alarmant de la sécurité au Centre et au Nord du Mali.
« L’expansion continue des groupes armés djihadistes au Mali et dans toute la sous-région marque l’échec du tout sécuritaire », a soutenu le directeur Afrique de la FIDH, Florent Geel pour qui, « la stratégie militaire doit s’arrimer aux objectifs politiques (et) juger obligatoirement les responsables de ces crimes, qu’ils soient djihadistes, membres de milices, ou agents de l’Etat ».
Pour la forme, l’AMDH a souhaité que ces jugements se fassent au Mali, devant des tribunaux maliens, comme cela a été le cas pour deux chefs djihadistes jugés à Bamako ou ceux en cours actuellement devant la chambre d’accusation de Mopti.