Les avocats de Charles Blé Goudé se succèdent à la barre pour défendre l’ancien leader de la galaxie patriotique. En neuf points, Me Claver N’Dri a tenté de battre en brèche, l’une après l’autre, les accusations du procureur, avant de marquer sa désapprobation totale à l’acte d’accusation.
Me Claver N’Dri à la CPI «Ce n’est pas acceptable»
S’il y a un avocat ivoirien qui séduit la planète ces dernières années, c’est bien Me Claver N’Dri. L’avocat de Charles Blé Goudé a en effet ceci de particulier qu’il a une démarche argumentative qui ne saurait laisser indifférents partenaires et adversaires. Avec un ton ferme et assuré, un regard perçant et une sérénité que ne saurait distraire l’auditoire, l’avocat ivoirien a encore fait une démonstration magistrale, ce mardi 20 novembre 2018, lors de la défense de son client.
Revenant sur le meeting du Baron Bar du ministre de la Jeunesse du dernier gouvernement de l’ancien Président Laurent Gbagbo qui avait été présenté par le procureur Eric Mc Donald comme l’élément déclencheur des violences contre les pro-Ouattara à Yopougon, Me N’Dri a procédé par une analyse méticuleuse aussi bien des témoignages que d’éléments vidéo desdits évènements afin d’en tirer une conséquence logique.
Pour lui, le procureur accuse son client sur des bases erronées et des preuves qui ne résistent nullement à la rigueur du droit.
« Cet aveu doit sonner la fin du cas du procureur, en ce qui concerne notre client. Pendant des années, pendant des années, l’on a crié sur tous les toits. Il y a eu des discours d’ouverture ici, on n’a dit que l’on allait vous faire la preuve que monsieur Blé Goudé appelait à la haine, pour venir nous dire, quatre ans après qu’on ait transféré monsieur Blé Goudé ici, qu’on n’a pas de formule explicite d’appel à commettre des actes violents, il nous faut tirer les conséquences qui s’imposent », a-t-il déclaré, avant de marteler :
« Ce n’est pas acceptable. Ce n’est pas acceptable. Monsieur le président, Madame, monsieur les juges, ce n’est pas acceptable. Cette robe que je porte, que je revêts a un sens pour moi. Je ne peux pas accepter ça. J’ai été l’avocat de ce monsieur depuis 2005, il y a des choses qu’on ne peut pas accepter. »
Très remonté contre le procureur, il ajoute : « »Il n’a pas utilisé de formule explicite d’appel à la violence », quatre ans après, avec un acte d’accusation volumineux où on parlait de mot d’ordre. Et aujourd’hui, on vient nous dire » il n’y a pas de formule explicite d’appel à la violence » ? Et il est privé de sa liberté. Je ne peux pas l’accepter. Excusez-moi, je ne peux pas l’accepter. Ce n’est pas acceptable. »
Notons que les avocats de Laurent Gbagbo et Charles Blé Goudé plaident l’acquittement de leurs clients, après le passage des 82 témoins de Fatou Bensouda.
Le juge-président Cuno Tarfusser fera-t-il droit à leur requête ?