Après l’ amnistie accordée à près de 600 personnes par le président ivoirien Alassane Ouattara, trois organisations de défense des droits de l’homme dont la Ligue ivoirienne des droits de l’Homme (LIDHO), appellent le président à « revenir sur sa décision » et exigent le jugement des auteurs de crimes pour que « les victimes aient réparation ».
Des ONG souhaitent que Ouattara annule l’amnistie accordée aux 600 prisonniers politiques
La LIDHO, la Fédération internationale des droits de l’homme (FIDH), le Mouvement ivoirien des droits humains (MIDH) ont annoncé avoir déposé le 05 octobre, un recours auprès de M. Ouattara pour « qu’il revienne sur sa décision ».
Le 06 août, le chef de l’Etat a amnistié « 800 personnes ». Cependant, une soixantaine de militaires et de membres de groupes armés ayant commis des crimes de sang ne sont pas concernés » par cette décision.
L’ex-première dame Simone Gbagbo qui avait été acquittée fin mars 2017 pour « crimes contre l’humanité » mais condamnée en 2015, à 20 ans de prison pour « atteinte à la sûreté de l’Etat », a été amnistiée et libérée.
Lida Kouassi, ex-ministre de la Défense condamné en janvier à 15 ans de prison pour « complot contre l’autorité de l’Etat et Assoa adou, condamné en juillet 2017 à quatre ans de prison pour « troubles à l’ordre public », tous deux des cadres pro-Gbagbo, sont sur la liste des bénéficiaires de cette amnistie qui ont également été libérés.
Ces bénéficiaires de l’ordonnance étaient condamnées pour des infractions en lien de la crise postélectorale de 2010 à 2011 qui a fait plus de 3.000 morts.
Partie civile pour 250 victimes, ces organisations demandent le jugement des auteurs des crimes.
« Il faut juger ceux qui ont commis des crimes contre l’humanité pour que les victimes puissent avoir réparation », a affirmé le président de la LIDHO Pierre Adjoumani, craignant que « les victimes soient laissées pour compte ».
« Nous ne sommes pas contre la réconciliation » mais « nous luttons pour que les victimes aient réparation », a précisé M. Adjoumani, joint au téléphone.
La FIDH, LIDHO et le MIDH dénoncent un vice de procédure.
Pour ces ONG, c’est l’Assemblée nationale qui devait permettre au président de prendre cette ordonnance à travers une loi d’habilitation.
En l’espèce, « la référence de la loi d’habilitation émise dans l’ordonnance » de Alassane Ouattara est « plutôt (d’ordre) économique, ce n’est pas pour la justice », a indiqué Pierre Adjoumani.
Alassane Ouattara a « quatre mois pour nous répondre »
Passé le mois de février 2019 sans réaction du chef de l’Etat, la LIDHO, FIDH, Le MIDH sont « à même d’aller à la Cour suprême » puis « en dehors de la Côte d’Ivoire si on n’a pas eu gain de cause », a prévenu M. Adjoumani.
« Nous ne souhaitons pas aller dans ce sens, nous souhaitons que le chef de l’Etat réagisse et revienne sur sa décision », a-t-il dit.