Le colonel-major Boureima Kéré est revenu mardi à la barre sur les dissensions au sein de l’ex-régiment de sécurité présidentielle (RSP), corps d’élite de l’armée burkinabè dont sont issues la plupart des acteurs du putsch manqué septembre 2015.
Le colonel Kéré évoque des jeux d’interêts au sein RSP dans le procès putsch
« C’est sous la transition avec l’arrivée de Zida dans le gouvernement que les histoires de clans (au sein du RSP) se sont accentuées) », a dit Boureima Kéré, expliquant que « les clans étaient alimentés par les jeux d’intérêt et l’argent qui était distribué pour le maximum d’éléments ».
L’ex-Premier ministre Isaac Zida, a-t-il souligné, « voulait contrôler complètement le corps ».
A l’ex-régiment de sécurité présidentielle qui connaissait une crise de confiance, il y avait, selon le sergent-chef Roger Koussoubé (un coaccusé passé à la barre en juillet), « trois camps: ceux restés fidèles au corps, les pro Isaac Zida (patron du renseignement au RSP jusqu’à sa nomination au poste de Premier ministre) et les pro Djibril Bassolé constitués des officiers supérieurs ».
Selon le colonel-major Kéré « la survie du RSP et l’adoption du statut du personnel militaire sont les principales motivations du coup de force » de 2015
Le 16 septembre 2015 des soldats du régiment de sécurité présidentielle (RSP, corps dont est issu la plupart des acteurs du putsch) ont interrompu le conseil des ministres qui se tenait à la présidence et retenu de force le président de la transition Michel Kafando, l’ex-Premier ministre Isaac Zida, et les ministres Réné Bagoro et Augustin Loada.
Boureima Kéré, qui a signé la déclaration proclamant président du Conseil national de la démocratie (CND) le général Gilbert Diendéré (considéré comme le commanditaire du putsch), lors des événements au Burkina, a soutenu lundi à la barre avoir agi « sous pression ».
Il fait partie avec Abdoul Aziz Korogo, les généraux Gilbert Dienderé (chef de l’ex-RSP, la garde rapprochée de l’ancien président Blaise Compaoré chassé du pouvoir en octobre 2014) et Djibrill Bassolé (ancien ministre des Affaires étrangères de Blaise Compaoré), et l’ex-bâtonnier Mamadou Traoré, des cinq derniers accusés à être interrogés à la barre.
Poursuivi pour complicité d’attentat à la sûreté de l’Etat, meurtres, coups et blessures volontaires, Boureima Kéré ne reconnait pas les faits qui lui sont reprochés.
84 personnes (dont neuf en fuite) sont poursuivies essentiellement pour « attentat à la sûreté de l’Etat », lors du putsch avorté de septembre 2015.
La résistance populaire à la tentative de coup d’Etat a officiellement fait 14 morts et une quarantaine de blessés.