Avec le duo d’avocats Me Emmanuel Marsigny et Romain Dupeyré engagés par le PDCI pour réclamer ses victoires des élections locales du 13 octobre à la Cour Suprême, Henri Konan Bédié vient mettre sur la justice ivoirienne une pression aussi forte que celle qu’exercerait sur elle le pouvoir en place. Puisqu’il considère les juges ivoiriens aux ordres du Président Alassane Ouattara, le parti de Bédié a engagé une stratégie qui lui permettra à terme d’équilibrer les forces.
Me Emmanuel Marsigny et Romain Dupeyré, l’arme du PDCI contre le RHDP
Jusque-là, presque toutes les décisions de justice dans les affaires politiques en Côte d’Ivoire ont tourné en faveur des proches du RHDP, le parti du Président Alassane Ouattara. C’est sans aucune confiance en l’indépendance de la justice ivoirienne que le PDCI s’est trouvé le moyen de peser sur cette justice, justement en engageant Me Emmanuel Marsigny et Romain Dupeyré, deux avocats capables de faire trembler les plus gros appareils étatiques, y compris en France où le parti du Président Alassane Ouattara compte de solides soutiens. Comme le PDCI d’ailleurs…
Le choix de ces deux hommes va au-delà d’une non-confiance du parti d’ Henri Konan Bédié en la capacité de ses intellectuels à défendre ses intérêts. C’est justement parce que la formation bâtie par feu Felix Houphouët Boigny a la curieuse impression que la justice ivoirienne méprise ses spécialistes du droit qu’elle a opté pour Me Marsigny et Dupeyré, des spécialistes très pointilleux qui ne s’engagent que dans des batailles qu’ils sont certains de remporter. Aussi, aucun politicien français ne souhaite avoir sur son chemin ces deux-là, une façon pour le PDCI de couper le Président Ouattara de tous ses soutiens externes dans cette bataille qui ne devrait avoir aucun mal à se déporter sur le terrain médiatique à l’international.
Le PDCI veut arracher ses victoires volées
Le PDCI est convaincu de ses victoires et possède de nombreuses preuves de ses succès non encore reconnus par la CEI ou la Cour suprême ivoirienne. Elle entend donc user de l’expertise et surtout de la capacité de nuisance médiatique de ces deux ténors du bureau de Paris pour obliger la justice à regarder les preuves plutôt que des consignes que pourraient lui passer certains politiciens.
Pour Me Emmanuel Marsigny et Me Romain Dupeyré, il n’y a déjà pas de doute, le dossier du parti qu’ils vont défendre dans les jours à venir est « solide ». Mieux, ils ne viennent avec aucun procès d’attention, parce que disent-ils, ils ne commenteront les décisions qu’après avoir plaidé.
Ce que ne disent pas encore Me Emmanuel Marsigny et Me Romain Dupeyré, ce sont les noms des médias sur les desquels ils entendent se livrer à ces commentaires qui sans aucun doute seront salissants pour les juges ou (et) le régime ivoirien si de curieuses décisions venaient à être rendues.
Le PDCI par exemple a vu la justice ivoirienne annuler son Bureau Politique qui s’est tenu à Cocody sur plainte d’un de ses militants en réalité pro-RHDP alors que l’affaire était strictement interne au parti. Dans une autre affaire, la même justice ivoirienne se déclarera incompétente à prononcer une décision parce qu’incompétente dans des affaires de partis politiques. Ce deux poids deux mesures, quand cela arrange tout sauf le PDCI, est la puce à l’oreille des deux avocats français mandatés par le parti.
Emmanuel Marsigny et Romain Dupeyré entrent dans le jeu pour 2020
Selon nos sources, les juges qui vont gérer les dossiers des élections locales ne se bousculent pas aux portillons. Ils savent pour certains qu’ils pourraient y laisser leur crédibilité et prendre date avec des représailles futures en cas de changement de pouvoir en 2020 en faveur du PDCI ou de son possible allié le FPI. D’un autre côté, d’éventuels succès en nombre important du PDCI dans ses recours affaibliraient le RHDP, qui veut par tous les moyens se positionner comme la première force politique ivoirienne et qui s’est lancé dans une course au débauchage d’élus indépendants.
Les missions de Me Emmanuel Marsigny et Romain Dupeyré, selon les premières informations en notre possession, ne devraient pas se limiter à ses seules batailles autour des élections locales. Leur entrée dans le jeu politique ivoirien ne ferait que préparer 2020, l’année de la « Bataille de Kirina ».