Au moins 45 personnes sont poursuivies pour apologie de crimes et délits, après avoir manifesté samedi à Douala, à l’appel du Mouvement pour la renaissance du Cameroun (MRC), dont le leader Maurice Kamto, conteste les résultats officiels de la présidentielle du 7 octobre, a annoncé Me Michèle Ndoki, sur les réseaux sociaux.
Après Yaoundé, des militants de Kamto traqués à Douala
« Voilà comment on passe de manifestation pacifique, tentative de suicide par noyade dans un caniveau sec, à apologie de crimes et délits et appels à l’insurrection. Nous sommes au moins 45 à être poursuivis », a publié sur Twitter, Me Ndoki, (cadre du parti et avocate de Kamto), qui a reçu une citation à comparaître le 8 novembre, au tribunal de Douala.
Samedi matin, plusieurs dizaines « de militants, sympathisants » du MRC, dont l’avocate, ont été interpellés pendant qu’ils manifestaient pour protester contre les résultats du scrutin proclamés lundi par le Conseil constitutionnel.
Conduites à la Police judiciaire au quartier Bonanjo, les personnes interpellées, ont été libérées dans la soirée.
Le lendemain une quinzaine d’autres qui manifestaient sur l’esplanade de la cathédrale de Yaoundé, lors d’un mouvement similaire, avec des écriteaux portant entre autres la mention « Non au hold-up », ont été interpellés puis conduits à la Délégation régionale de la police judiciaire (DRPJ), avant d’être libérés, après plus de 24 heures de détention.
Vendredi, le ministre de l’Administration territoriale, Paul Atanga Nji, a rappelé que « le processus électoral » était « terminé avec la proclamation (lundi) des résultats de la présidentielle par le Conseil constitutionnel » et que « l’’administration (qui) a jusqu’alors, fait preuve de retenue », n’allait « tolérer désormais aucun désordre. »
En réaction, aux activités annoncées par le camp de Kamto, Atanga Nji a soutenu que les manifestations publiques devraient « de nouveau se dérouler selon les conditions prévues par la loi. »
« Toutes les tentatives de trouble à l’ordre public seront traitées avec la plus grande fermeté, les auteurs comme ceux qui y auront incités auront à répondre devant les instances judiciaires compétentes », a prévenu le ministre de l’Administration territoriale.
En plus de l’apologie de certains crimes et délits, Michèle Ndoki et ses coaccusés, sont « inculpés pour coaction de réunions, manifestations et rébellion. »
Le président Biya, 85 ans dont 35 au pouvoir, a été réélu pour un septième mandat avec 71,28 % des suffrages, alors que Kamto, qui arrive deuxième avec 14,23 % des voix, a « rejeté » ces résultats et « refusé de reconnaître la légitimité du chef de l’Etat. »
L’opposant dont les recours ont été rejetés par le Conseil constitutionnel, revendique la victoire depuis le lendemain du scrutin et annonce des scores différents: 39,74 % contre 38,47 % pour M. Biya selon ses chiffres « consolidés. »