Interpellés dimanche lors d’une manifestation à Yaoundé, des militants du Mouvement pour la renaissance du Cameroun (MRC), le parti de Maurice Kamto qui conteste les résultats officiels de la présidentielle camerounaise du 7 octobre, sont « détenus dans un lieu inconnu », selon le porte-parole du candidat, Olivier Bibou Nissack.
Des manifestants détenus dans des lieux inconnus selon Olivier Bibou
« La situation se complique davantage. Dimanche, après leurs auditions à la Délégation régionale de la police judiciaire (DRPJ) de Yaoundé, en début de soirée, aux alentours de 19 h (locale, GMT+1), ils ont été transportés pour une détention dans un lieu inconnu », a dit Bibou Nissack, joint au téléphone.
Dimanche matin, une quinzaine de militants qui manifestaient sur l’esplanade de la cathédrale de Yaoundé, avec des écriteaux portant entre autres la mention ‘’Non au hold-up’’, ont été interpellés puis conduits à la DRPJ.
La veille, une cinquantaine de militants avaient été interpellés lors d’une manifestation similaire, à Douala, où le siège du parti a été victime d’attaque au gaz lacrymogène, selon un responsable du MRC.
Conduits à la Police judiciaire au quartier Bonanjo, les personnes interpellées, parmi lesquelles figuraient Me Michèle Ndoki, cadre du parti et avocate de M. Kamto, ont été libérées dans la soirée.
Dans la perspective de la prestation de serment de Paul Biya, déclaré vainqueur de la présidentielle par le Conseil constitutionnel, en novembre », un programme dit de « résistance nationale au hold-up électoral, a été dévoilé par le MRC.
Selon ce programme qui s’étend de vendredi au jour de la prestation de serment de M. Biya, président déclaré élu par le Conseil constitutionnel, une marche est prévue sur le pont sur le Wouri, à Douala et un rassemblement de protestation pacifique contre sa prestation de serment, devant les sous-préfectures, préfectures est annoncé dans toutes les villes du Cameroun.
Vendredi, le ministre de l’Administration territoriale, Paul Atanga Nji, a rappelé que « le processus électoral » était « terminé avec la proclamation (lundi) des résultats de la présidentielle par le Conseil constitutionnel » et que « l’’administration (qui) a jusqu’alors, fait preuve de retenue », n’allait « tolérer désormais aucun désordre. »
En réaction, aux activités annoncées par le camp de Kamto, Atanga Nji a soutenu que les manifestations publiques devraient « de nouveau se dérouler selon les conditions prévues par la loi. »
« Toutes les tentatives de trouble à l’ordre public seront traitées avec la plus grande fermeté, les auteurs comme ceux qui y auront incités auront à répondre devant les instances judiciaires compétentes », a prévenu le ministre de l’Administration territoriale.
Les personnes interpellées à Yaoundé sont « victimes d’une disparition forcée », a indiqué Bibou Nissack précisant que « leurs conseils juridiques n’ont pas eu droit à l’information du lieu de leur détention jusqu’à maintenant. »
« Rendus à la DRPJ lundi, pour avoir la suite, le patron des lieux a éconduit sans ménagement les avocats », a ajouté le porte-parole de Kamto soulignant que « les démarches se poursuivent pour rencontrer le procureur général et pouvoir discuter directement avec lui. »
Le président Biya, 85 ans dont 35 au pouvoir, a été réélu pour un septième mandat avec 71,28% des suffrages, alors que Kamto, qui arrive deuxième avec 14,23% des voix, a « rejeté » ces résultats et « refusé de reconnaître la légitimité du chef de l’Etat. »
L’opposant dont les recours ont été rejetés par le Conseil constitutionnel, revendique la victoire depuis le lendemain du scrutin et annonce des scores différents: 39,74 % contre 38,47 % pour M. Biya selon ses chiffres « consolidés. »