Il est environ 09h35 min (GMT+1, heure locale) quand une femme de taille d’un âge avancé, soutenue par une canne et un garde qui porte ses affaires, entre à pas lents et légers dans le bureau de vote où le président camerounais Paul Biya est attendu pour exercer son droit civique : « Oh ! Delphine Tsanga ! la première femme ministre au Cameroun et l’une des premières en Afrique ! S’émerveillent les observateurs et journalistes nationaux à sa vue.
Delphine Tsanga, la première femme nommée ministre au Cameroun soutien Biya
Visiblement épuisée dans une tunique de couleur marron, elle avance tant bien que mal jusqu’au fond de la salle, et s’assied lentement sur le siège qu’on s’empresse de lui trouver, sous les regards admiratifs de tous ceux qui la connaissent et les flashes des photographes présents, désireux d’immortaliser la scène.
« C’est une très grande femme que vous voyez devant vous. Aujourd’hui avec le temps elle a vieilli, et j’ai l’impression qu’elle est malade », affirme un observateur, André Booto, sans quitter du regard cette femme connue également au Cameroun pour son engagement pour la cause des femmes, l’air de vivre un instant mémorable.
Aujourd’hui membre du conseil électoral, l’ex-ministre du premier président camerounais Ahmadou Ahidjo, connue des Camerounais depuis 1964 quand elle devient présidente du Conseil national des femmes, semble elle-même surprise, troublée même, de voir autant de monde la fixer dans cette salle de classe réaménagée à l’école bilingue Bastos, à Yaoundé.
Assise dans ce bureau de vote qui de toute apparence n’est pas le sien (elle n’a pas voté), Delphine Tsanga, 83 ans, reçoit les hommages de toutes les personnalités venues accomplir leur devoir : du Secrétaire général du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC, parti au pouvoir) Jean Nkuété, à Linda Yang l’épouse du Premier ministre, en passant par les nombreux responsables et ex-responsables politiques et administratifs inscrits en tant que votants.
Très peu bavarde, l’ex-ministre adjoint de la Santé publique (1970) puis des Affaires sociales (1975-1984) entre autres, attend patiemment l’arrivée du président, tout en livrant volontiers au jeu des selfies avec quelques observateurs dans la salle. Les heures s’égrènent, son calme demeure, sa posture change à peine.
Quand le président du bureau de vote et son adjointe sortent de la salle pour accueillir le couple présidentiel, arrivé 20 minutes plus tard (12h05), la détentrice de nombreux titres honorifiques (au Cameroun, en France, en Espagne, au Qatar) se tient debout sur sa canne, et ce, jusqu’à la sortie des Biya.
« On dirait qu’elle est venue uniquement pour leur marquer son soutien, c’est une belle preuve d’amitié », estime un autre observateur dans le bureau de vote