Me Dieudonné Bonkoungou a demandé mercredi au tribunal militaire d’écarter du dossier une pièce mettant en cause son client, le capitaine Abdoulaye Dao, poursuivi pour sa participation présumée au putsch manqué de septembre 2015 au Burkina.
Procès putsch manqué, un avocat plaide pour la réduction des charges de son client
Me Bonkoungou qui qualifie de « faux intellectuel » un acte du dossier de la procédure mettant en cause le capitaine Dao, a demandé que soit écarté cet acte « et tous les documents qui en sont subséquents ».
L’acte en question présente l’accusé comme étant à la tête du commando qui a procédé, le 16 septembre 2015, à l’arrestation du président de la transition Michel Kafando, de l’ex-Premier ministre Isaac Zida, et des ministres Réné Bagoro et Augustin Loada.
Abdoulaye Dao a affirmé à la barre qu’il était ce jour-là à Bobo-Dioulasso (depuis le 13 septembre, à des audiences du tribunal militaire) et n’est rentré à Ouagadougou qu’aux environs de minuit.
Il a expliqué avoir rencontré dans l’après-midi, alors qu’il quittait Bobo-Dioulasso pour Ouagadougou, le colonel Sita Sangaré (actuel directeur de la justice militaire et auteur de l’acte mis en cause).
Par ailleurs, lors de son passage à la barre en juillet, un autre accusé, l’adjudant-chef major Eloi Badiel, a affirmé que le capitaine Dao n’était pas dans la capitale burkinabè au moment des arrestations.
Accusé de complicité d’attentat à la sûreté de l’Etat, de meurtres, coups et blessures et d’incitation à commettre des actes contraires à la discipline militaire, le capitaine ne reconnait pas les faits qui lui sont reprochés.
L’officier de 38 ans, célibataire et père de quatre enfants, était au moment des événements le commandant du groupement des unités spéciales (GUS) à l’ex-régiment de sécurité présidentielle (RSP, corps dont est issu la plupart des acteurs du putsch).
Il a soutenu qu’il pensait que les événements de septembre 2015 étaient une énième crise impliquant le RSP, et n’a pris conscience que c’était un coup d’Etat qu’en voyant la copie de la proclamation du Conseil national pour la démocratie, au bureau du chef de corps.
« Ce coup d’Etat était plus qu’un coup de massue que nous avons reçu », a-t-il dit.
84 personnes (dont neuf en fuite) sont poursuivies pour « attentat à la sûreté de l’Etat », lors du putsch avorté qui a résulté des arrestations des autorités.
Parmi les accusés figurent le général Gilbert Diendéré, chef de l’ex-RSP (garde rapprochée de l’ancien président Blaise Compaoré chassé du pouvoir en octobre 2014) et le général Djibril Bassolé, ancien ministre des Affaires étrangères de Blaise Compaoré.
La résistance populaire à la tentative de coup d’Etat a officiellement fait 14 morts et une quarantaine de blessés.