L’ancien secrétaire général du Rassemblement des républicains (RDR, parti présidentiel), Amadou Soumahoro, promu vice-président après le congrès en mai, a affirmé que son parti n’éprouve aucune crainte face au rapprochement entre son ex-allié, le Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI) et le principal parti de l’opposition, le Front populaire ivoirien (FPI), dans une interview à ALERTE INFO.
Amadou Soumahoro date la reforme de la CEI pour la présidentielle de 2020
Le PDCI, évoquant les vacances judiciaires, demande un réaménagement de la date butoir du dépôt des dossiers de candidature et des élections municipales et régionales. Souscrivez-vous à cette proposition du PDCI ?
Evoquer les vacances judiciaires pour demander le report des élections, c’est ignorer le principe de la continuité du service public. Le service public n’est jamais interrompu certains vont en vacance et d’autres prennent le relais. Les tribunaux ne sont pas fermés, le parquet d’Abidjan n’est pas fermé. Je crois que c’est une demande qui repose sur une raison qui n’est pas juste. Ce n’est pas judicieux de demander le report en s’appuyant sur un tel argument.
M. Amadou Soumahoro, vous êtes donc pour le maintien des élections à la date du 13 octobre…?
Absolument. D’abord le report du scrutin est du ressort de la Commission électorale indépendante (CEI). Le PDCI a formulé un vœu, il appartiendra à la CEI d’examiner cette doléance et voir si elle peut donner une suite positive ou négative. Mais je pense qu’il faut qu’on finisse avec les élections, c’est pour cela, de mon avis, la fixation des dates qui ont été proposées par la CEI et entérinées par le gouvernement, ont été mûrement réfléchies. N’oublions pas que ces élections étaient initialement prévues pour le mois de mars, après on est passé au mois de juin, ensuite le mois d’août. Finalement la CEI a proposé au gouvernement la date du 13 octobre. On ne va pas aller de report en report. Je pense qu’il faut finir avec ce cycle électoral pour que nous puissions nous engager dans les préparatifs des élections de 2020 qui sont les élections majeures. Demander le report des élections locales, c’est abuser du calendrier de l’Etat.
Le PDCI dénonce une tentative de débauchage de ces cadres par le RHDP au moyen de chantage, intimidation et menaces de tout genre…
C’est le jeu de la démocratie. Et penser que le RDR peut débaucher des cadres de si grande expérience, de grande conviction, des personnalités comme les Adjoumani qui est ministre depuis une dizaine d’années, comme Aka Aouélé, Patrick Achi, pensez-vous un seul instant qu’on peut les manipuler, c’est même les mépriser. Je pense que c’est un abus de langage et il faut respecter les cadres de nos partis. A un moment donné, un cadre peut remettre en cause le fonctionnement de son parti. J’étais membre du bureau politique du PDCI, à un moment donné, j’ai remis en cause le mécanisme de fonctionnement du parti après le décès du président Félix Houphouët-Boigny et je me suis moi-même remis en cause, et je suis parti du PDCI pour créer le RDR. Le RDR n’est pas en train de manipuler des cadres d’aussi grande valeur et moralité. La préoccupation du président de la République, c’est de rassembler tous les héritiers d’Houphouët-Boigny.
M. Amadou Soumahoro, vous dites que le président Ouattara travaille au rassemblement des enfants de Houphouët-Boigny, sauf que le PDCI a l’impression que le chef de l’Etat veut obtenir cette union au moyen de chantage, intimidation et menaces de tout genre…
Qui est menacé ? Est-ce que vous pensez qu’un monsieur comme Adjoumani est menacé ? Est-ce que vous pensez qu’on peut faire chanter un monsieur comme Aka Aouélé qui est accompli sur tous les plans ? Je ne crois pas. Je pense qu’il faut qu’on s’en prenne aux mécanismes de gestion de nos propres partis. Moi j’ai été secrétaire général du RDR. Il arrive des moments où des contradictions se développent entre les militants ou les responsables du parti, il appartient à la direction du parti de pouvoir gérer ces contradictions. Le PDCI est à cette croisée de chemin. Que ce parti gère bien ses contradictions et ils verront bien que les choses iront mieux. Mais le débauchage ? Et puis, ce serait de bonne guerre si finalement au bout du compte, l’ensemble des cadres du PDCI estiment que le président Alassane Ouattara a raison de rassembler tous les houphouetistes. S’ils y adhèrent, c’est notre souhait le plus ardent. Nous souhaitons le rassemblement de tous les héritiers d’Houphouët-Boigny.
Pour vous qui avez été membre du Comité de haut niveau chargé de réfléchir sur la mise en place du RHDP, comment appréciez-vous la décision du PDCI de se retirer du processus de création du parti unifié ?
Le PDCI est un parti autonome. Je ne juge pas. Ils décident de ce qu’ils veulent au moment où ils veulent à partir d’une analyse propre à eux. Le comité de haut niveau auquel j’appartenais a bien travaillé et de façon méthodique. Au point où nous avons même établi un processus séquentiel de la mise en place du parti unifié. Le parti unifié n’est pas imposé immédiatement du jour au lendemain. On a même parlé d’une période de transition allant de 12 à 18 mois. Si le PDCI décide de se retirer de ce processus, il faut demander aux frères du PDCI qu’est ce qui les motive.
M. Amadou Soumahoro, pourquoi le RDR ne se décide pas clairement à soutenir un candidat du PDCI en 2020 comme ce parti l’a fait avec M. Ouattara en 2010 et 2015 ?
En politique, les choses ne se décident pas comme cela. Ce sont des choses qui viennent toutes seules. Le président a proposé d’aller au parti unifié parce que cela briserait la méfiance entre les cadres et les militants puisque nous appartiendrons désormais au même grand parti houphouetiste. Maintenant à l’intérieur de ce parti unifié, que le choix porte sur un cadre d’origine PDCI, RDR, UDPCI, MFA, cela n’avait plus d’importance. Les ambitions personnelles qui sont perçues par nous tous, pourront gêner ce grand rêve de rassemblement mais ne pourront pas l’arrêter parce que nous sommes déterminés à faire aboutir le RHDP en tant que parti politique.