Le tribunal militaire a fait appel jeudi à un interprète ad hoc dioulaphone pour assister le soldat de première classe Sidiki Ouattara, vingt-huitième accusé interrogé dans le cadre du procès du putsch manqué de septembre 2015 au Burkina.
Sidiki Ouattara assisté dans son procès
Ne disposant pas d’un interprète attitré, le tribunal a requis les services d’un gendarme dénommé Abel Samé, pour assister le soldat Ouattara, qui ne comprend véritablement que sa langue maternelle, le dioula (une langue répandue en Afrique de l’Ouest).
Pour Me Prosper Farama, avocat des parties civiles, il est « évident » que l’accusé « joue la comédie en faisant celui qui ne comprend pas un mot de français ».
Poursuivi pour complicité d’attentat à la sûreté de l’Etat, complicité de meurtres, coups et blessures volontaires, et dégradation aggravée de biens, le soldat de première classe âgé de 25 ans, célibataire et père d’un enfant, ne reconnait aucun de ses faits.
Il a reconnu avoir été le 17 septembre à la radio Savane FM, d’où était diffusé en boucle un appel à la résistance populaire et dont le matériel a été débranché et emporté.
Il dit être resté dans le véhicule et ignorer ce qui s’est passé à la radio, précisant avoir juste été, a un moment donné, sollicité par le sergent-chef Roger Koussoubé pour embarquer une partie du matériel dans le véhicule.
84 personnes (dont neuf en fuite) sont poursuivies pour « attentat à la sûreté de l’Etat », lors du putsch avorté de septembre 2015. Parmi les accusés figurent le général Gilbert Diendéré, chef de l’ex-RSP (garde rapprochée de l’ancien président Blaise Compaoré chassé du pouvoir en octobre 2014) et le général Djibril Bassolé, ancien ministre des Affaires étrangères de Blaise Compaoré.
La résistance populaire à la tentative de coup d’Etat a officiellement fait 14 morts et une quarantaine de blessés.