Alloco, attiéké garni de poissons frits ou braisés, placali ou encore foutou accompagné de différentes sauces, ce sont là autant de saveurs ivoiriennes dont Edwige Allah est la promotrice dans son restaurant ouvert depuis maintenant 10 ans à Bamako.
Edwige Allah fait la fierté des Ivoiriens à Bamako
Déjà « femme de terrain depuis Abidjan », Edwige Allah, 40 ans, est arrivée en 2006 à Bamako avec ses enfants, au nombre de quatre aujourd’hui, pour rejoindre son époux alors en fonction dans une entreprise privée.
A Bamako, elle s’est essayée d’abord à la coiffure puis la couture (sa formation d’origine) qui « marchait bien », avant de se lancer dans la restauration.
« Habituée à faire beaucoup de plats » lors des rencontres d’une association d’Ivoiriens vivant au Mali dont elle est membre, Mme Allah s’est décidée à en faire une activité habituelle, à la demande de ceux-ci.
Avec un fond de commerce de 30.000 Fcfa, elle débute difficilement en 2008 avec un sac d’attiéké (semoule de manioc) venu d’Abidjan, du poisson dont les prix variaient de 250 à 500 Fcfa, mais qui n’attiraient à l’époque pas grand monde.
L’Ivoirienne ne s’est pas pour autant « découragée face aux moqueries » qu’elle subissait et les pertes régulières.
« Au fur et à mesure » que l’activité se développait, elle ajoutait d’autres menus à la carte du restaurant notamment de l’alloco (frites de banane plantain mûres) ou du foutou (purée plus ou moins solide de banane plantain), qui demeure le plat le plus prisé.
L’espace qu’elle louait à 65.000 Fcfa, ne pouvant plus contenir la clientèle qui affluait progressivement, Mme Allah déménage dans un appartement R+1 de 325.000 Fcfa le mois, à l’ACI 2000, un quartier résidentiel de Bamako.
Dans son restaurant dénommé « Chez Edwige » à la déco chaleureuse et très ivoirienne dominée par les couleurs orange et vert, la restauratrice et sa vingtaine de salariés, proposent du lundi au samedi, une gamme variée de mets, dont les prix vont de 1.500 à 10.000 Fcfa.
Que ce soit du Kedjénou (soupe cuite à l’étouffé), de la sauce graine (obtenu à partir du jus des noix palmiers pilés), de la sauce aubergine, ou gombo, garnis de morceaux de poisson ou de volaille et accompagnés de foutou, de riz, placali (pate de manioc fermenté) ou attiéké, tous ces plats font la joie d’une clientèle qui se fidélise à chaque bouchée.
« C’est ici que j’ai découvert le Kédjénou, le placali, l’attiéké que j’aime bien », déclare Salif, un jeune sénégalais.
« J’ai su que Mme Allah était la propriétaire sans qu’on me le dise. Elle s’assurait tout le temps que les clients étaient bien servis, qu’ils n’avaient besoin de rien », intervient un Malien juste à côté.
Chrétienne Catholique, Edwige Allah, originaire du Sud de la Côte d’Ivoire, n’a pas de « millions en banque » mais s' »en sort » avec son restaurant et sa pâtisserie dénommée « Moayé » (Bonheur en français), ouverte il y a un an à quelques mètres du restaurant.
Le succès du restaurant, qui accueille quotidiennement plus de 100 personnes dont des Maliens, ivoiriens et expatriés européens, lui vaut désormais de la concurrence.
Edwige n’a actuellement « pas de nouveaux projets au mali », mais envisage d’ouvrir un restaurant en Côte d’Ivoire, à N’Dotré, au Nord d’Abidjan, dont les travaux avaient été suspendus au profit du glacier dans lequel elle a investi 85 millions Fcfa avec les bénéfices de « Chez Edwige ».