Lancée en grande pompe samedi 08 juillet, la campagne électorale pour l’élection présidentielle du 29 juillet au Mali s’achève vendredi sans avoir pu tenir la promesse de l’effervescence à Bamako, la capitale du pays, où seules les affiches des candidats, visibles à différents endroits, rappellent qu’il doit s’y tenir un scrutin d’une telle importance.
Une campagne électorale morose à Bamako
Bamako vit ses derniers jours de campagne électorale dans une ambiance étrangement morose: Aucun cortège de véhicules sillonnant à coup de klaxons sur les principales voies, aucun supporter hystérique habillé en t-shirts à l’effigie d’un candidat, pas de musique distillée à chaque coin de rue comme il est donné de le voir sous d’autres cieux en Afrique.
Les noms des deux principaux candidats : le président sortant Ibrahim Boubacar Keita et le chef de file de l’opposition Soumaïla Cisse, semblent ne pas suffire pour allumer la mèche dans une capitale où les habitants vaquent plutôt à leurs activités quotidiennes habituelles.
Les minicars de transport, les taxis et les nombreux motocyclistes circulent, dans un ballet incessant, sur les différentes artères de la commune, dans un désordre.
Pourtant, il doit se tenir dans quelques jours une importante élection présidentielle qui devrait permettre soit à IBK de rempiler pour un second et dernier quinquennat, soit à Soumaila Cissé de se faire élire enfin après deux précédentes tentatives infructueuses.
Certes, depuis quelques jours, la plupart des candidats mènent campagne pour certains à l’intérieur du pays et pour d’autres hors du pays.
Ainsi, IBK a entrepris entre dimanche et lundi, une tournée internationale qui l’a conduit à Bouaké (Centre Ivoirien), à Abidjan, Accra, Libreville, Ouagadougou et Niamey. Pendant que son rival Soumaila Cissé sillonnait les régions du Mali pour convaincre ses compatriotes de voter pour lui.
A Bamako, au quartier Hamdallaye ACI 2000, la place de l’obélisque appelée “Bougie Ba’’, traditionnel lieu des grands rassemblements politiques reste désespérément vide depuis l’ouverture de la campagne.
Pour le journaliste malien Alexis Kalambry, cette “forte morosité’’ est due au désintérêt des maliens pour la politique en raison de la «pauvreté croissante».
En plus, “hormis les deux principaux candidats qui ont de gros moyens, les autres comptent leurs sous et peinent à suivre le rythme’’, analyse-t-il.
Autre facteur qui pourrait expliquer le manque apparent d’engouement, est l’interdiction, prévue par la loi électorale, des t-shirts et autres gadgets à l’effigie des candidats pendant la période de campagne.
“Les pratiques publicitaires à caractère politique et commercial (offre de tissu, de tee-shirts, d’ustensiles de cuisine, de stylos, de porte-clefs, de calendrier), ainsi que leur port et leur usage, les dons et libéralités en argent ou en nature à des fins de propagande pour influencer ou tenter d’influencer le vote durant la campagne électorale sont interdits dès la convocation du collège électoral’’, précise le texte.
Aussi, la plupart des 24 candidats au total qui se présentent au premier tour de ce scrutin, ont choisi de mener une campagne discrète, sans tambour ni trompette.
Ancien fonctionnaire international, Hamadoun Touré, évoquant l’insuffisance de ses moyens financiers, dit privilégier le porte-à-porte et le corps-à-corps avec les électeurs.
“J’ai fait mes propres économies, et je n’ai eu aucun financement au Mali c’est pourquoi j’essaie d’utiliser de façon très rationnelle le peu que j’ai afin de ne pas avoir à devoir à quelqu’un à la fin de cette élection. Je ne fais pas de dépenses extravagantes, nous faisons une campagne de proximité. Je ne vais pas donner 2.000 Fcfa à 100.000 Fcfa par personne pour remplir un stade’’, estime-t-il.