Hamadoun Touré, candidat à la présidentielle du Mali du 29 juillet, a affirmé qu’il va « créer la surprise » en remportant le scrutin « avec droiture », dans une interview à ALERTE INFO.
Vous vous présentez comme celui qui veut faire la politique autrement, quel est votre particularité ?
Je ne suis pas du sérail politique ordinaire, et je plaide pour le véritable changement. Je suis un Malien qui s’est rendu compte comme tous les autres de la situation très dégradée de notre société, et de l’économie. Je suis interpellé et je me dois de mettre mon expérience au service du peuple, c’est ça ma motivation.
Le pays ne pourra pas se développer sans un leadership qui donne l’exemple, qui prône un dialogue national. Certains maliens ne sont plus fiers de dire qu’ils sont maliens. Nous devons remettre tout ça en place. Je veux faire un appel pour un Mali débarrasser de mensonge et de corruption, un Mali qui retrouve sa dignité, dignité de trouver un emploi pour la jeunesse, avec un salaire décent, un état de droit et une justice sociale, je veux que l’appel au progrès et la prospérité domine dans ce pays, c’est pourquoi je n’ai pas créer un parti politique, j’ai créer un alliance Kayira, qui veut dire prospérité parce que le Mali mérite mieux.
Vous décrivez une situation peu reluisante du Mali, comment en est-on arrivé là ?
Nous avons une crise de leadership. Le peuple ne devient que le reflet de son leader, le leader se doit de monter l’exemple en tout lieu, en tout temps. Nous parlons de la corruption aujourd’hui, nous sommes tous fautifs. La situation dans laquelle nous nous trouvons vient de loin, cette corruption est une gangrène de notre société.
Je fais partie d’une alliance, les bâtisseurs, un groupe de candidats politiques qui prônent l’alternance, un véritable changement. C’est ce que nous voulons mettre en place dans ce pays. Nous pensons que le leadership est la meilleure façon de faire décoller un pays. Il y a aussi cette crise économique.
La question sécuritaire tire sa source de problèmes de pauvreté, nous avons des régions qui ont été négligées, certains dans le Nord ont préféré prendre les armes pour combler ce vide. On aurait dû éviter cette guerre dès le départ, la meilleure façon d’éviter une guerre c’est de l’éviter. Nous avons inviter cette guerre parce qu’on a laissé les armes entrer dans le pays, quel dommage. Il faut mettre en place un dialogue national. Il y a un accord qui a été mal négocié, certes, mais un accord c’est un accord. Les Etats se doivent de reconnaitre les accords mais il y aura des ajustements à faire au fur et à mesure.
L’accord a été mal négocié parce que, ce n’était pas un véritable dialogue, c’était des monologues. Il n’y avait pas de confiance entre les parties, il y a un certain nombre de règles dans notre culture qui nous permettent de résoudre nos problèmes beaucoup plus facilement qu’ailleurs. Le gouvernement a négocié avec le couteau sous la gorge parce qu’il avait commis des bavures qui ont porté un dommage incroyable, la mauvaise aventure de Kidal va nous coûter cher.
Ces règles pouvaient-elles permettre de résoudre la crise ?
On peut signer un accord suite à l’application de ces règles. Nous sommes dans une société moderne où la signature vaut mieux que la parole. Nous avons des chefs traditionnels, religieux, qui auraient pu être impliqués dans ce processus, qui jouent un rôle de stabilisateur et ça, c’est la force de notre société, tout en jouant sur les rapports de cousinage entre nos peuples.
Pensez-vous être au 2e tour de la présidentielle ?
Oui, c’est pourquoi je me présente et je suis convaincu que le Malien veut le changement. Il est fatigué de recevoir de petit billet de banque, la veille des élections et voter pour quelqu’un qui va voler des milliards. Le Malien veut réellement développer son pays et veut retrouver sa dignité et donc à cause de cela on va créer une surprise ici cette année.
Quelles seraient vos trois grandes priorités si vous êtes élu ?
Ma première grande priorité c’est de réconcilier le Malien avec lui-même. Réconcilier les Maliens nous emmènerait à organiser une conférence nationale dans laquelle on va aboutir à une réconciliation, un pardon national dans les premiers cent jours. Ensuite mettre en place un système de gestion transparent qui va diminuer la corruption à un niveau très bas de façon à pouvoir gérer le pays plus convenablement. Pour cela il faut augmenter les salaires sinon les doubler, doubler les recettes fiscales et douanières.
Je vais planifier un certain nombre de grand chantier, des routes, des autoroutes et des ponts pour désenclaver le pays et je mettrai un plan de façon à avoir au moins une usine dans chaque région, nos produits locaux ne sont pas traités et je veux enfin voir du Made in Mali et cela va créer des emplois, c’est mon troisième axe principal. Cela passe par l’entrepreneuriat et la culture de l’entrepreneuriat, par une nouvelle approche dans le financement des projets et dans le coaching des nouvelles entreprises afin d’assurer un degré de succès. J’ai eu la chance d’être dans le conseil spécial de certains chefs d’Etat et j’ai vu leur façon de gérer leur pays, avec succès. Je pourrais l’appliquer ici.
Une campagne nécessite beaucoup de moyens quels sont vos sponsors ?
J’ai fait mes propres économies, et je n’ai eu aucun financement au Mali c’est pourquoi j’essaie d’utiliser de façon très rationnel le peu que j’ai afin de ne pas avoir à devoir à quelqu’un à la fin de cette élection. Je ne fais pas de dépenses extravagantes, nous faisons une campagne de proximité. Je ne vais pas donner 2.000 Fcfa à 100.000 personnes pour remplir un stade. J’ai dit que je veux faire la politique différemment, j’ai eu au moins cinq parrains par région. J’ai eu 55 parrainages gratuitement, c’était une question de principe pour moi parce que, je me présente comme champion de la lutte anti corruption et pour me faire élire je ne veux pas utiliser ces mêmes méthodes.
Vous verrez que je ne suis pas en train de distribuer des billets de banque, mes moyens ne me le permettent pas. Je suis contre cette méthode, les Maliens sont dégoûtés de cela. On va prendre l’argent de ceux qui nous le donnent cette année mais on va les punir, c’est ça le mot d’ordre. Je vais gagner cette élection avec une droiture.