Pour Guillaume Soro, la Côte d’Ivoire serait à nouveau au bord du précipice à cause des choix politiques du président Alassane Ouattara. Le PAN exhorte donc le président ivoirien à ne pas contribuer à replonger le pays dans les travers du passé.
La mise en garde de Guillaume Soro à Alassane Ouattara
La mise en place du Parti unifié est résolument en train de créer des frictions entre Alassane Ouattara et Henri Konan Bédié, les deux locomotives de la coalition au pouvoir. Alors que le récent Bureau politique du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI) a reporté l’adhésion à cette nouvelle entité politique après la présidentielle de 2020, le président de la République fait quelque peu du forcing pour soumettre son « aîné » à se décider dès maintenant. En témoigne la formation du nouveau gouvernement ivoirien.
Le président du parti septuagénaire indique en effet qu’il n’a été « ni informé ni consulté » pour la formation de ce gouvernement, contrairement à la complicité affichée par les deux têtes fortes du Rassemblement des houphouétistes pour la démocratie et la paix (RHDP) à leur prise de pouvoir en avril 2011, après une crise postélectorale qui a officiellement fait 3000 morts.
Eu égard à cette dissension, le président Bédié a non seulement indiqué qu’il n’a nullement mandaté personne pour l’Assemblée générale constitutive du Parti unifié qui se tient ce lundi 16 juillet, mais il s’est d’ores et déjà rapproché de l’opposition.
Toutefois, voyant l’atmosphère politique s’assombrir, et surtout la météo politique qui annonce des orages à l’approche de la présidentielle de 2020, Guillaume Soro a tenu à tirer sur la sonnette d’alarme. Face à la diaspora ivoirienne au Canada, ce vendredi 13 juillet, le président de l’Assemblée nationale a évoqué la marche du pays et surtout la nécessité de la réconciliation nationale. « Souvent, des pays rentrent en guerre à cause de détail », a-t-il prévenu, avant d’interpeller le président Alassane Ouattara, son mentor envers qui il réitère sa loyauté : « Je demande au Président de ne pas rompre le dialogue avec le Président Bédié. » Poursuivant, il fait cette mise en garde à ses aînés : « Ne faites pas prendre autant de risques au pays ! »
Notons que la Côte d’Ivoire se trouve à la croisée des chemins à l’orée des joutes électorales de 2020. Le pays va-t-il passé ce virage dans la paix ou plutôt sombrer dans les troubles comme par le passé ? Seule la classe politique ivoirienne pourra répondre à cette interrogation qui taraude l’esprit du citoyen ivoirien.
Quoi qu’il en soit, Guillaume Kigbafori Soro, ancien patron de la rébellion ivoirienne, déclare qu’il entend définitivement tourner la page de la belligérance : « Ceux qui comptent sur moi pour aller combattre Bédié se trompent parce que je ne suis plus dans les palabres en Côte d’Ivoire et vice versa. J’ai muri car j’ai des cheveux blancs sur la tête, la barbe commence à blanchir ; je suis devenu sage. Que cela soit clair, je ne suis plus dans palabre. Mon problème, c’est la réconciliation et le pardon. Pour l’histoire du RHDP, ma position est connue ; je vous ramène à mon discours du 3 avril 2018. Le parti unifié doit se construire dans l’inclusion et par le dialogue. »