Henri Konan Bédié affiche fermement son refus de ratifier les textes fondateurs du parti unifié, du moins pas avant l’alternance 2020. Des ministres PDCI mandatés pour convaincre leur président d’adhérer à ce projet politique ont essuyé une fin de non-recevoir.
Parti unifié, Bédié intransigeant, Ouattara dans l’embarras
Jusqu’où ira le bras de fer Alassane Ouattara – Henri Konan Bédié à propos du parti unifié ? Cette interrogation mérite d’être soulevée, dans la mesure où les deux locomotives de la coalition au pouvoir ne cessent de s’activer, chacun pour sa part, pour faire prévaloir ses choix politiques.
D’un côté, le président de la République, par ailleurs président d’honneur du Rassemblement des républicains (RDR), avait annoncé lors du congrès extraordinaire de son parti, qu’il procédera à la formation d’un nouveau gouvernement avec des ministres strictement issus de partis ayant adhéré au parti unifié. Quant au président du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI), il s’accroche aux résolutions du Bureau politique de son parti qui reporte l’adhésion à cette nouvelle entité après l’alternance 2020.
Eu égard à cette dichotomie entre les leaders des deux maillons essentiels du Rassemblement des houphouétistes pour la démocratie et la paix (RHDP), le Vice-président Daniel Kablan Duncan, vice-président du PDCI et fervent partisan du parti unifié, a dépêché, ce lundi 2 juillet, une délégation composée de ministre PDCI auprès de Bédié à Daoukro pour le convaincre d’épouser, dès maintenant, la cause du parti unifié. Ceux-ci vont jusqu’à lui proposer la tenue d’un congrès extraordinaire, financé sur fonds publics, pour se prononcer sur l’adhésion au nouveau parti.
Cependant, le Sphinx de Daoukro est resté intransigeants vis-à-vis de ses hôtes. Non seulement il leur a rétorqué qu’il reste attaché aux résolutions du Bureau politique, mais il s’est voulu très catégorique à l’égard de ceux qui voudraient entreprendre des initiatives solitaires en dehors du parti. « J’ai appris que certaines personnes veulent créer un courant au sein du parti, dont l’objectif serait de soutenir un projet sur lequel le bureau politique s’est clairement exprimé. La création de courant n’est pas admise dans notre parti », s’est-il voulu formel.
Le projet du parti unifié s’écroule ainsi comme un château de cartes. Et le président Ouattara qui fonde sa fin de mandat sur ce projet politique entend faire pression, autant que faire se peut, pour obtenir gain de cause. A cet effet, un remaniement ministériel pourrait intervenir dans les tout-prochains jours. Le chef de l’Etat a d’ailleurs ajourné le Conseil des ministres de ce mercredi, certainement pour poursuivre les consultations.
Quoi qu’il en soit, l’on s’achemine vers une fédération de partis en lieu et place du parti unifié. En pareille occurrence, chaque parti pourrait présenter son propre candidat à la présidentielle de 2020. Ce qui n’aurait forcement pas le même poids politique en y allant en rang serré.