Le procès de Laurent Gbagbo et Charles Blé Goudé pourrait tourner court. Après le dépôt du Mémoire de la procureure Fatou Bensouda, la CPI a autorisé les avocats des accusés ivoiriens à plaider l’acquittement pour leurs clients.
Laurent Gbagbo comme Jean-Pierre Bemba ?
S’achemine-t-on vers la fin du procès de Laurent Gbagbo et son ancien ministre de la Jeunesse Charles Blé Goudé ? Cette interrogation ne cesse d’alimenter les débats sur les rives de la lagune Ébrié dans la mesure où les circonstances et les évènements observés à La Haye, ces derniers temps, permettent aux partisans de l’ancien président ivoirien de voir le verre à moitié plein.
La récente annulation de la condamnation de 18 ans de prison du Congolais Jean-Pierre Bemba par la chambre d’appel de la Cour pénale internationale (CPI) a, en effet, créé un véritable espoir en vertu duquel cette juridiction internationale n’est pas une voie à sens unique (aller sans retour).
Par ailleurs, après le passage à la barre des 82 témoins de l’accusation, le juge-président Cuno Tarfusser et ses deux assesseurs ont fait injonction au bureau du procureur de produire un Mémoire qui indique en quoi la déposition des témoins atteste du « plan commun » concocté par le clan Gbagbo pour se maintenir au pouvoir par « tout moyen ».
Après le dépôt de ce document qui avait suscité un bras de fer entre défense et accusation quant à la traduction en Français, les trois juges en charge du dossier ont rendu, le 4 juin dernier, une décision inédite. Celle donnant la possibilité aux avocats de Laurent Gbagbo et de Charles Blé Goudé de plaider l’acquittement total ou partiel de leurs clients.
Aussi, Me Emmanuel Altit et ses collègues disposent, jusqu’au 20 juillet prochain pour déposer, à leur tour, une « requête aux fins d’acquittement » expliquant en quoi « il n’y a pas suffisamment de preuves susceptibles de justifier une déclaration de culpabilité et à l’égard de laquelle, par conséquent, un jugement d’acquittement partiel ou total sera justifié ». La décision de cette requête sera rendue lors d’une audience publique le 10 septembre prochain.
Rappelons toutefois qu’à l’audience de confirmation des charges, l’ancien président Laurent Gbagbo avait déclaré qu’il « irait jusqu’au bout », promettant de faire un grand déballage sur la responsabilité de la France dans la crise ivoirienne. Un acquittement dès septembre empêcherait donc la réalisation d’un tel projet. En pareille occurrence, l’ex-président ivoirien et le leader de la galaxie patriotique recouvreront certes la liberté, mais plusieurs questions, notamment le véritable vainqueur de la présidentielle de 2010 et l’implication de la France dans la crise, resteront en suspens.