La chambre d’appel de la CPI a annulé, ce vendredi 8 juin, la condamnation de Jean-Pierre Bemba à 18 ans d’emprisonnement. Cet acquittement intervient alors que la RDC traverse une crise politique sans précédent.
Jean-Pierre Bemba, l’alternative à Joseph Kabila ?
Christine Van den Wyngaert, juge présidente de la chambre d’Appel de la Cour pénale internationale (CPI), a pris une décision historique, ce vendredi, en prononçant l’annulation de la condamnation en première instance, à 18 ans d’emprisonnement de Jean-Pierre Bemba pour « crimes de guerre » et « crimes contre l’humanité » commis en Centrafrique.
La juge belge a motivé sa décision par le fait que « la chambre de première instance a eu tort » de condamner le leader Mouvement de libération du Congo (MLC) par des charges « trop larges » et la « non prise en compte des mesures prises par Jean-Pierre Bemba », entre autres. Cependant, l’ancien Vice-président congolais n’a pas immédiatement été libéré, car il devra encore purger un an de prison pour « subornation de témoins », à moins que la Chambre de première instance VII en dispose autrement. La chambre d’Appel indique toutefois « qu’il n’y a pas lieu de le maintenir en détention ».
Cette décision inédite aura assurément des répercussions sur la situation politique en République démocratique du Congo (RDC). En effet, le président Joseph Kabila est contesté depuis la fin de son second et dernier mandat, le 20 décembre 2016. Sous l’égide du clergé congolais, une transition avait été instituée, et l’élection présidentielle est prévue avant la fin de l’année 2018. Election à laquelle le président congolais ne devrait pas prendre part. Mais, le pouvoir semble faire du forcing pour un troisième mandat de Kabila. D’où la tension politique persistante à Kinshasa, dans le Kasaï, à Kisangani et dans les autres régions du pays.
Moïse Katumbi, Félix Tshisékédi, Vital Kamerhe et d’autres opposants congolais se réjouissent de cette décision de la CPI. Le dernier nommé a d’ailleurs déclaré sur Twitter : « Le vrai jeu politique va commencer avec ce grand leader de la scène politique congolaise en liberté. » Les militants du Mouvement de libération du Congo (MLC) qui espéraient la libération de leur leader avant la présidentielle du 23 décembre sont donc très enthousiasmés par la décision de la chambre d’Appel de la CPI.
Le président congolais Joseph Kabila pourrait donc avoir un opposant de poigne après le décès d’Etienne Tshisékédi. D’ailleurs, Jean Pierre Bemba Gombo ne serait-il pas pistonné depuis l’Occident pour être le challenger numéro 1 à Joseph Kabila ? Rien n’est à exclure, car comme l’a dit un sage africain, « la politique est la saine appréciation des réalités du moment« .