Maître Ange Rodrigue Dadjé, avocat de l’activiste Nicaise Douyou plus connu sous le nom de Samba David, dit craindre pour la vie de son client, détenu depuis 2015, dont l’état de santé « serait actuellement très précaire » selon sa famille, dans un communiqué mardi soir.
Samba David, transféré de la Maca à une destination « inconnue »
Me Dadjé dit avoir appris auprès de la famille de M. Douyou, que son client, transféré de la plus grande prison du pays depuis quelques mois, « serait (…) gravement malade et privé de soins ».
« Pour rappel, Monsieur Douyou Nicaise alias Samba David était en détention préventive à la Maison d’arrêt et de correction d’Abidjan (Maca), lorsqu’il a été déporté en secret par les autorités judiciaires ivoiriennes vers une destination qui m’est toujours inconnue à ce jour et ce, malgré les courriers que j’ai adressé aux autorités judiciaires », peut-on lire dans le communiqué de l’avocat.
Selon Me Dadjé, la procédure d’instruction dans laquelle se trouve le coordonnateur de la Coalition des indignés est « incompréhensible », dans la mesure où « il est poursuivi pour des faits pour lesquels il a déjà été jugé et condamné ».
Samba David a été interpellé en septembre 2015 puis condamné le 02 octobre à six mois de prison ferme pour « trouble à l’ordre public, discrédit sur une décision de justice, provocation d’un attroupement non armé et complicité de destruction volontaire d’objets », lors des marches éclatées de l’opposition les 10 et 11 septembre à Abidjan et dans des villes de l’intérieur du pays, au lendemain de la publication de la liste définitive des candidats à la présidentielle d’octobre.
Bien que cette peine ait été purgée depuis deux ans, Samba David n’a toujours pas recouvré la liberté.
Le procureur de la République, Richard Adou, a expliqué dans une note, en novembre 2017, qu’il a été « inculpé de complicité de meurtre et d’atteinte à l’autorité de l’Etat » et finalement « placé sous mandat de dépôt le 16 décembre 2015 ».
Selon lui, une enquête a révélé l’implication de Samba David, bien avant sa condamnation, dans une tentative de « destitution des autorités coutumières » de Dabou (Sud ivoirien), où des affrontements ont provoqué des décès en décembre 2015.
« Sa détention préventive est régulièrement prolongée par le juge d’instruction, conformément à la loi », a assuré le procureur qui a conclu que la situation « n’est nullement arbitraire ».
Cette procédure vise « son maintien en dehors de la scène politique », soutient Me Ange Rodrigue Dadjé qui « attire l’attention de l’Etat de Côte d’Ivoire sur la préservation des droits humains (dont le droit à la santé » de son client « qui de surcroît n’est qu’en détention préventive et donc présumé innocent au regard de la Constitution »