Le Réseau des défenseurs des droits humains en Afrique centrale (REDHAC), a déploré mardi l’absence des autorités camerounaises, à Menka (Nord-ouest), plus d’une semaine après les événements survenus, dans la localité, lors d’une cérémonie.
Des jeunes dont l’âge varie entre « 18 et 30 ans » tués à Menka (REDHAC)
« Aucune autorité ne s’est encore rendue sur le site », a déploré la directrice exécutive du REDHAC, précisant que les victimes ont en moyenne entre « 18 et 30 ans. »
Le 25 mai, « 27 terroristes ont été neutralisés » lors d’une « opération spéciale » menée par des militaires et policiers pour déloger « des assaillants » qui avaient pris possession d’un motel à Menka, a déclaré à la presse le ministre de la communication et porte-parole du gouvernement, Issa Tchiroma.
M. Tchiroma qui a réfuté les « allégations de carnage perpétré par l’armée camerounaise sur les populations civiles », a précisé que « 17 armes de guerre et 10 de chasse, avec plus de 2.000 munitions, ont été saisies. »
Les images des morts ont fait le tour des réseaux sociaux et suscité l’indignation de plusieurs organisations de défense des droits humains et des hommes politiques.
Selon le leader historique de l’opposition camerounaise, John Fru Ndi qui s’est rendu dans la localité, des « civils » figuraient parmi les victimes.
Depuis plus d’un an, les deux régions anglophones du Cameroun, traversent une crise sociopolitique.
Un consortium de syndicats anglophones dissout, exigeait l’indépendance de leurs régions et le départ du président Paul Biya, au pouvoir depuis 36 ans.
Le consortium dénonçait également la marginalisation de la minorité anglophone (environ 20 % des 24 millions d’habitants) par rapport à la majorité francophone.
Axées au départ (octobre 2016), sur des aspects corporatistes, les revendications des avocats et enseignants anglophones se sont par la suite transformées en une crise sociopolitique, en raison des répressions des forces de l’ordre.
La situation s’est dégradée avec l’interpellation au Nigeria de 47 séparatistes, dont Sisiku Ayuk Tabe (leader) et leur extradition au Cameroun.
Les combats entre les forces de défense et de sécurités camerounaises et des hommes armés se réclamant des « forces de restauration de l’Ambazonie », un Etat imaginaire, sont devenus fréquents.
« La situation est assez compliquée et il y a des tueries massives », a ajouté Mme Ngo Mbe déplorant l’absence de « statistiques fiables. »
Au moins 60 morts ont été dénombrés en mai, dans les deux régions anglophones camerounaises, selon l’ONG international crisis group (ICG), dans son rapport mensuel.