Les relations entre Alassane Ouattara et Guillaume Soro sont tantôt cordiales, tantôt tumultueuses. N’empêche que le chef de l’État ivoirien et le chef du Parlement trouvent toujours l’occasion d’accorder leurs violons.
Alassane Ouattara et Guillaume Soro ou le « je t’aime moi non plus »
Dès l’accession d’Alassane Ouattara à la Magistrature suprême en avril 2011, Guillaume Soro, alors reconduit dans ses fonctions de Premier ministre, a réaffirmé sa volonté d’aider le nouveau président à réussir sa mission à la tête de l’Etat. Son départ de la Primature pour la présidence de l’Assemblée nationale n’a nullement refroidi cette profession de foi d’accompagner le président Ouattara dans sa gouvernance.
Cependant, cette harmonie entre les deux personnalités ivoiriennes a été brisée avec l’éclatement d’une vague de mutineries en Côte d’Ivoire, et surtout avec la découverte d’un impressionnant arsenal de guerre au domicile de Souleymane Koné Kamaraté alias Soul to Soul, le chef du protocole du PAN. Ce dernier a donc été écroué à la Maison d’arrêt et de correction d’Abidjan (Maca) le 9 octobre dernier.
Cette affaire rocambolesque avait en effet brisé les relations entre le président Ouattara et son ancien Premier ministre. Les pro-Ouattara et les pro-Soro ne cessaient de se lancer des piques à travers la presse et par réseaux sociaux interposés. Toutefois, plusieurs personnalités, dont l’ancien président nigérian Olusegun Obasanjo, ont été mandatées pour réconcilier le « père » et le « fils ».
La mayonnaise avait commencé à prendre lorsqu’est survenue l’affaire des drones-espions qui épiaient Soro et ses proches. Convaincu qu’il y a encore des caches d’armes disséminées sur le territoire national, le président Ouattara avait promis de faire des recherches minutieuses. C’est ainsi que les autorités sécuritaires ont envoyé des missions ultra-secrètes à travers le pays pour dénicher ces éventuelles caches d’armes.
Les résidences de Guillaume Soro à Zakoua, dans le village de son épouse, et à Ferkessédougou, ainsi que celles de plusieurs anciens Commandants de zones (Com’zones) qui lui sont proches ont été passées au peigne fin par les fins limiers ivoiriens. Cette opération qui ne lui avait pas été signifiée auparavant avait entrainé la colère du président de l’Assemblée nationale qui a eu un entretien téléphonique avec le président Ouattara pour en savoir davantage sur cette affaire.
Mais aux dernières nouvelles, les relations entre Ouattara et Soro sont en passe de se réchauffer à la faveur des élections municipales à venir. Le président d’honneur du Rassemblement des républicains (RDR, parti présidentiel) qui souhaite une réelle implication de son poulain dans la vie du parti et de la coalition RHDP au pouvoir, vient de recevoir l’assurance de ce dernier quant à œuvrer pour la victoire de sa formation politique aux prochaines élections locales.
La récente rencontre entre les deux personnalités, le 14 mai dernier, a été on ne peut plus très cordiale. Le président ivoirien a d’ailleurs affrété un avion présidentiel au chef du Parlement pour son voyage à Praia, au Cap-Vert, à partir du 16 mai, à l’occasion de l’assemblée régionale Afrique de l’Assemblée parlementaire de la francophonie, dont il est le vice-président.
Mais la question qui taraude les esprits, c’est surtout l’éventualité de la candidature de Guillaume Kigbafori Soro à la présidentielle de 2020. Si jusque-là l’intéressé ne s’est pas encore prononcé officiellement, il n’en demeure pas moins que ses proches et autres lieutenants ne cessent de l’y inciter.
Alassane Ouattara acceptera-t-il que Guillaume Soro se porte candidat à la prochaine présidentielle envers et contre tous ?
ien malin qui pourra répondre à cette interrogation, d’autant plus que d’ici 2020, beaucoup d’eau aura coulé sous le pont.