Le meurtre d’une petite fille albinos de huit ans, dont la tête aurait été emportée probablement pour des pratiques mystiques, a provoqué ce dimanche un soulèvement populaire à Fana, localité située à 128 km à l’est de Bamako.
Le meurtre d’une fillette albinos provoque un soulèvement populaire dans le centre du pays
Les manifestants qui ont bloqué le trafic sur la route nationale Bamako-Ségou-Nord-Mali pendant plusieurs heures s’en sont pris à la gendarmerie, dont le cantonnement a été incendié. La colère des populations s’explique par le fait que le meurtre d’une fillette atteinte d’albinisme qu’elles considèrent comme un crime rituel, est le troisième en trois mois sans que les enquêtes n’aboutissent.
En effet, il y a trois mois, une mère (Hatouma Sacko) et sa fille (toutes deux albinos) ont été victimes de crime rituel dans la même localité. Les crimes rituels contre cette catégorie de personnes sont monnaies courantes au Mali, surtout à l’approche des élections.
En juin dernier, à l’occasion de la Journée mondiale de sensibilisation sur l’albinisme, Salif Kéita, star de la musique mandingue et albinos lui-même, a dénoncé des sacrifices humains perpétrés sur des albinos avant les élections générales maliennes.
« Les féticheurs et les marabouts, qui gèrent la vie de presque tous les Maliens, demandent le sang des albinos ou bien les membres des albinos pour aider leurs clients à faire fortune ou à conquérir le pouvoir. Donc, c’est une chasse aux albinos quand ces moments arrivent », déplore un observateur.
Toutefois, a reconnu l’artiste Salif Kéita, « le regard posé sur l’albinisme avait changé grâce aux efforts de sensibilisation au fil du temps ».Le chanteur a mis sa notoriété et ses ressources au service de cette cause, en tant que membre fondateur et président de la « Fondation Salif Kéita » pour les albinos.
Parmi les efforts de sensibilisation au Mali, figure un long métrage, « Rapt à Bamako« , film du célèbre réalisateur et ancien ministre malien de la Culture, Cheick Oumar Sissoko, consacré à l’albinisme.Par cette œuvre, il a voulu alerter sur les dangers qui planent ou accompagnent le processus démocratique et démontrer comment des « pseudo-démocrates » passent par le sacrifice humain pour accéder au pouvoir.