Akinwumi Adesina, le président de la BAD, attire l’attention des pays africains sur les dangers d’emprunter en devises étrangères. Et pourtant, le Premier ministre ivoirien vient de faire une moisson abondante en Eurobond.
Endettement en devises étrangères, les conseils du président de la BAD aux pays africains
De retour d’une tournée aux Etats-Unis et en Europe pour l’émission d’eurobond, en juin dernier, le Premier ministre ivoirien Amadou Gon Coulibaly s’était félicité de l’apport considérable des bailleurs de fonds américains et européens.
« La moisson a été très bonne. Par exemple, on était parti sur la base de 500 millions d’Euros. Les souscriptions se sont élevées à 4.500 millions d’Euros. Pour le Dollar, ont était parti pour 1 milliard de Dollars. Là aussi, la souscription a été importante, environ 4 fois le niveau de notre souscription de base », s’était réjoui le chef du gouvernement ivoirien.
Cependant, cet emprunt sur le marché financier international en devises étrangères est mal perçu du côté de la Banque africaine de développement (BAD). Pour le président de l’institution, Akinwumi Adesina, recourir à ce mode d’endettement n’est nullement judicieux pour les économies africaines qui ont des monnaies très faibles.
« Si vous avez un faible taux de change, cela signifie que vous allez utiliser une grande partie de votre argent pour rembourser votre dette », a-t-il alerté, avant d’ajouter : « Entretenir une obligation de 30 ans à un rendement de 950 points de base, c’est très élevé. »
Notons que le Nigérian Adesina vient ainsi d’enfoncer le clou, déjà martelé par le Fonds monétaire international (FMI) quant à l’endettement effréné des pays de l’Afrique subsaharienne. Abebe Aemro Sélassié, directeur du département Afrique de l’institution de Bretton Woods, avait en effet indiqué : « Les vulnérabilités économiques sont en hausse dans de nombreux pays qui tardent à assainir leurs finances publiques. Sur les 35 pays à faible revenu de la région, 15 sont aujourd’hui en surendettement ou risquent fortement de le devenir. »
Nonobstant toutes ces interpellations, le régime Ouattara entend conduire la Côte d’Ivoire à l’émergence à l’horizon 2020, mais en se fondant visiblement sur un financement extérieur massif.
La vision de l’économiste émérite, Président de la République de Côte d’Ivoire, Alassane Ouattara, n’est-elle pas ainsi en porte-à-faux avec les indices de la BAD et du FMI ? Le taux de croissance avoisinant les deux chiffres, dont se targue le gouvernement ivoirien, n’est-il pas en réalité une poudre aux yeux face à la misère grandissante de la population ivoirienne ? Le surendettement actuel n’aura-t-il pas des répercussions néfastes sur les générations présentes et à venir ?
Voici autant d’interrogations qui taraudent les esprits et qui inquiètent sur les rives de la lagune Ébrié.