Le président Laurent Gbagbo serait toujours en prison en partie à cause de sa défense. Me Altit qui défend ses intérêts multiplie les erreurs stratégiques alors qu’il tenait plusieurs occasions de faire libérer son client, selon ses détracteurs. Analyse.
Laurent Gbagbo, son avocat Me Altit soupçonné
Le président Laurent Gbagbo est en prison depuis sa chute survenue le 11 avril 2011 avec l’intervention commune de l’armée française et des anciens rebelles contre son pouvoir. Transféré dans un premier temps dans le nord du pays, il a été extradé à la CPI en novembre 2011 à la suite d’une procédure biaisée menée de main d’escroc judiciaire par le procureur argentin Luis Moreno Ocampo, l’accusant de quatre chefs d’accusation de crimes contre l’humanité.
Depuis, le « Woody de Mama » a été rejoint au centre de détention de la CPI, à La Haye (Pays-Bas), par son ministre Charles Blé Goudé, avec qui il comparait devant les juges.
Il faut noter que le procureur argentin Luis Moreno Ocampo (qui a organisé son impunité) a depuis refilé le bébé sale à Fatou Bensouda, une Africaine noire, ancienne ministre de la Justice de la Gambie sous Yahya Jammeh de 1998 à 2000. C’est cette Africaine qui semble avoir été mise en mission pour tordre le cou à la justice dans ce dossier plein de péripéties extraordinaires.
Fatou Bensouda a dans un premier temps été renvoyée à ses copies, les juges lui ayant clairement indiqué que son dossier n’était pas assez bien ficelé pour permettre de confirmer les charges contre Laurent Gbagbo et son coaccusé. Première incongruité puisque la conséquence d’une telle décision aurait été que le président Laurent Gbagbo bénéfice de la liberté conditionnelle le temps pour la procureur de bien construire son accusation.
Il n’en sera rien. Me Altit Emmanuel qui défend l’ancien président débutera dès lors avec des demandes de mise en liberté pas toujours comprises. Plutôt que d’insister sur les obligations juridiques pour obtenir la sortie de son client, l’avocat parisien a toujours préféré évoquer la santé de Laurent Gbagbo pour justifier ses demandes.
Laurent Gbagbo detenu malgré l’avis favorable de 2 juges sur 3
La chose la plus incroyable est que deux juges sur trois ont déjà donné leur OK pour la libération de Laurent Gbagbo, mais le refus de la troisième l’a emporté sur la position des deux autres. Plusieurs autres fois, le juge italien Cuno Tarfusser s’est prononcé favorablement pour la libération de Laurent Gbagbo sans jamais l’emporter sur les positions de ses collègues, autre incompréhension.
Me Altit Emmanuel qui était adulé par la Galaxy pro-Gbagbo commence alors peu à peu à paraitre suspect, tant les motifs de ses demandes sont imbuvables. Pour la treizième et dernière fois, l’avocat du président Gbagbo a plaidé un état de santé fragile. Après l’expertise de docteurs travaillant pour la CPI, donc pas indépendants, un nouveau refus a été infligé à l’homme de droit qui commence à perdre sa bonne réputation auprès des Ivoiriens.
En effet, le juge Cuno Tarfusser avait déjà pointé l’incohérence dans les plaidoiries de Me Altit Emmanuel. Il s’étonnait du fait qu’il soit tout le temps en train d’évoquer l’état de santé de Laurent Gbagbo pour justifier ses demandes de libération alors qu’il aurait pu se servir d’arguments bien plus pertinents pour arracher cette libération.
Le juge estime par exemple que la détention prolongée de Laurent Gbagbo ne répond à aucun standard du droit international et encore moins aux règles de la CPI. Le fait que la Cour demande à la Procureur Fatou Bensouda de soit abandonner ses charges ou de les requalifier aurait pu fonder une demande de mise en liberté de Laurent Gbagbo.
Des leviers jamais actionnés par Me Emmanuel Altit
Me Emmanuel Altit aurait tout aussi pu se servir d’une enquête de Mediapart, révélant en 2017 que la CPI avait demandé en 2011 la détention de Laurent Gbagbo alors qu’elle ne détenait aucun mandat d’arrêt et n’avait pas été saisie. Ce faux dont se serait rendu coupable l’ancien procureur M. Luis Moreno Ocampo était d’autant plus pertinent qu’il était suivi d’un certain nombre de révélations démontrant la connivence de cet individu avec le camp Alassane Ouattara au pouvoir en Côte d’Ivoire grâce à la France du tout aussi véreux Nicolas Sarkozy. Ce dernier avait fait une lecture bien à lui d’une résolution de l’ ONU pour bombarder à coups d’aéronefs la résidence du chef de l’État dans laquelle était retranché Laurent Gbagbo.
Il faut par ailleurs noter que cette action de la France a occasionné plusieurs morts de civils travaillent au sein de la présidente ivoirienne…
Le journaliste camerounais, panafricaniste parmi ses pairs, M. Théophile Kouamouo avait été le premier à attirer l’attention sur le très curieux système de défense de Me Altit, bien avant la dernière décision des juges. M. Kouamouo trouvait hautement suspect que l’avocat ne s’appuie pas sur des faits plus importants que la santé de Laurent Gbagbo pour justifier sa demande de sa libération. S’il avait en son temps été critiqué par certains pro-Gbagbo, l’heure est aujourd’hui à un populaire ralliement à sa position.
Des confrères de TV5, pas vraiment des amis de Laurent Gbagbo, reconnaissent aujourd’hui un rôle objectivement néfaste de la défense de ce dernier dans ce procès. Pour Assane Diop, le dernier rejet de la CPI a été « sous-traité médiatiquement parce qu’aujourd’hui le cas Gbagbo est devenu une sorte de routine.»
Grand retournement d’opinion en faveur de Laurent Gbagbo
« Je trouve que cette fausse routine résulte aussi » de la responsabilité de la « Défense. Comment voulez-vous pour une treizième demande de libération de votre client avancer pour argument son état de santé et son âge au lieu de vous attaquer au fond du dossier ou à des distorsions au niveau du dossier ? », s’est-il interrogé.
Pour lui, Me Emmanuel Altit aurait dû évoquer « M. Luis Moreno Ocampo dont on a découvert au fil des enquêtes qu’il n’était pas si blanc que ça » dans l’affaire. Des preuves de l’instrumentalisation de la CPI par ce dernier pendant et après son départ sont des éléments divulgués qui auraient pu permettre d’obtenir l’acquittement de Laurent Gbagbo.
Toujours selon Assane Diop, la réaction de la défense, notamment celle de Me Habiba Touré, membre de la défense de Laurent Gbagbo qui dit être « en colère après la CPI pour son acharnement judiciaire contre le Laurent Gbagbo » n’est pas une réaction à la hauteur de ce dossier et encore moins à celle « du destin de ce monsieur.» Surpris lui aussi par l’attitude de la défense, il estime que l’on est « en droit de se demander à quoi joue la défense de M. Laurent Gbagbo ?»
Fanny Pigeaud et l’opinion imparable du juge Cuno Tarfusser
Fanny Pigeaud, journaliste indépendante, a elle aussi soutenu les mêmes interrogations. « Le juge italien Cuno Tarfusser, qui lui a émis une opinion dissidente « qu’il faut libérer Laurent Gbagbo ! » C’est la troisième fois qu’il émet une opinion dissidente avec un argument qui est imparable. Non seulement il y a l’âge, la question de la santé réglée par des médecins non indépendants, donc déjà il y a un problème. »
La journaliste de Médiapart fait remarquer que ce juge a récemment affirmé qu’on « est au-delà des délais raisonnables, au-delà des délais de la Cour européenne des droits de l’homme sur la détention provisoire de Laurent Gbagbo ».
S’il faut noter que les médecins chargés d’évaluer la santé de Laurent Gbagbo sont payés par la CPI, la défense de l’ancien président est elle aussi payée par la même juridiction puisque l’accusé a été déclaré indigent. De ce fait, le journaliste Assane Diop laisse imaginer que plus durera le procès, mieux seront rémunérés les avocats de la défense qui ont dont tout intérêt à ce que leur client reste en prison.
Vincent Hugueux abandonne sa position anti-Gbagbo
Même Vincent Hugueux, habituellement pas très objectif dans ses positions anti-Gbagbo, estime que l’argument de la CPI, qui dit que des proches de Gbagbo pourraient organiser sa fuite en cas de sa libération provisoire, est « hautement improbable. Je pense que Laurent Gbagbo souhaite faire droit à la thèse qui est la sienne. Je l’imagine mal aller se planquer hors de portée de la cour. Mais au-delà du dossier Gbagbo, cas d’école s’il en est, ce qui est tragique dans cette affaire, c’est ce qui restera le fiasco judiciaire. » Il dénonce le fait que la CPI montre une « carence en termes de professionnalisme qui est absolument sidérante. »
Pour lui, on « devrait avoir la crème de la crème de juristes du monde. Qu’est ce qu’on a, de l’amateurisme dans le cas Laurent Gbagbo et de Charles Blé Goudé et de l’amateurisme chez la procureur.»
Vincent Hugueux qui revendique son absence de tendresse avec le régime de Laurent Gbagbo affirme que « Fatou Bensouda a été incapable de démontrer l’existence de ce fameux plan politique (Plan commun) et cette stratégie délibérée. » Il rajoute : « À partir de là, il faut en tirer les conclusions ».
Il faut noter que la troisième juge toujours prompte à voter le maintien en détention de Laurent Gbagbo a été une proche collaboratrice du sulfureux Procureur Luis Moreno Ocampo.