Vincent Bolloré a été placé en garde à vue, puis mis en examen pour l’affaire de « corruption d’agent public étranger » dans l’attribution des terminaux à conteneurs des ports de Lomé et de Conakry. Mais pour le président Alpha Condé, il ne s’agit que d’une dénonciation calomnieuse pour laquelle il entend porter plainte devant les juridictions françaises.
Quand Alpha Condé intervient dans l’affaire Vincent Bolloré
Le groupe Bolloré est l’une des grandes multinationales françaises qui opèrent dans plusieurs pays d’Afrique dans des domaines aussi bien variés que divers, tel que les quais, les voies ferrées, les plantations, les médias et les voitures électriques.
Mais le 25 avril dernier, le PDG de la firme, Vincent Bolloré, ainsi que deux de ses collaborateurs, Gilles Alix, directeur général, et Jean-Philippe Dorent, responsable du pôle international de Havas, ont été mis en examen pour « corruption d’agent public étranger », « complicité d’abus de confiance » et « faux et usage de faux ».
Ces chefs d’accusation tiennent de la concession au groupe français des terminaux à conteneurs des ports de Lomé (Togo) en 2009 et de Conakry (Guinée) en 2010. Les juges d’instruction Aude Buresi et Serge Tournaire soupçonnent en effet le groupe Bolloré d’avoir, via sa filiale Havas, contribué à l’élection ou à la réélection des présidents togolais Faure Gnassingbé et guinéen Alpha Condé.
Si du côté de Lomé, les autorités indiquent n’être pas être concernées par ces accusations, le président guinéen entend, quant à lui, donner une réplique judiciaire à cette affaire.
A l’occasion de la journée mondiale pour la liberté de la presse, le chef d’Etat guinéen s’est voulu formel : «Je vais porter plainte en France pour dénonciation calomnieuse.» Reprochant au passage à ses compatriotes journalistes de « continuez à casser l’image du pays » à l’extérieur, il a lancé à leur égard : « Aucun de vous n’a cherché ici à savoir quelle est la vérité. J’ai décidé de porter plainte, mais vous qu’est-ce que vous faites ? »
Serait-ce un coup de com. du président Condé ou plutôt une menace réelle ?
Quoi qu’il en soit, Cheick Sako, ministre guinéen de la Justice, avait déjà déclaré que « la Guinée va collaborer avec la France » sur ce dossier.
En tout état de cause, la plainte annoncée par le président guinéen ne pourrait prospérer qu’en cas « d’une décision définitive des juridictions françaises qui pourraient aller dans le sens d’innocenter les personnes visées », commente Me Boucounta Diallo, l’avocat de l’Etat guinéen. Mais ce scénario ne saurait se produire avant plusieurs années.
L’opposition guinéenne avait par ailleurs demandé une enquête parlementaire au plan local afin d’en savoir davantage sur cette affaire.