La CPI vient de rejeter, pour la 13e fois, une demande de mise en liberté de Laurent Gbagbo. Le motif évoqué par les juges de la Cour est que l’ancien président ivoirien jouit d’une parfaite santé.
Liberté provisoire refusée à Laurent Gbagbo…
Arrêté sous les bombes françaises dans la résidence présidentielle d’Abidjan, le 11 avril 2011, placé en résidence surveillée à Korhogo (nord), puis transféré à la Cour pénale internationale (CPI) le 29 novembre de la même année, le périple fut très long pour Laurent Gbagbo. Mais l’opposant historique à Houphouët-Boigny, devenu président de la République de Côte d’Ivoire à la suite d’une « élection calamiteuse » en octobre 2000, est toujours resté droit dans ses bottes.
Et dépit des sept années passées en détention et malgré le poids de l’âge (73 ans), l’ancien président ivoirien demeure toujours un « solide gaillard » qui résiste à l’usure du temps. Lors de sa première apparition à la barre de la CPI, le 5 décembre 2011, M. Gbagbo se plaignait des douleurs au dos et à l’épaule, du fait de ses conditions de détention en Côte d’Ivoire. Cependant, cette mauvaise passe semble désormais conjuguée au passé, eu égard aux soins dont il bénéficie à La Haye, même s’il faut reconnaitre que l’univers carcéral n’est nullement un lieu d’épanouissement pour quiconque.
C’est à juste titre que, pour motiver le rejet de la demande de mise en liberté provisoire du plus célèbre prisonnier de cette juridiction internationale, les juges de la Chambre de première instance a indiqué : « La Chambre considère qu’au vu du rapport médical, son état de santé est stable et qu’il bénéficie d’un traitement optimal adapté à son âge et à son état de santé actuel. »
Il faut cependant nuancer ces propos, car Me Emmanuel Altit et l’ensemble de la défense de Laurent Gbagbo soutiennent que « pendant ces années de détention, son état de santé ne s’est pas amélioré et deux années d’audience ont affecté sa fatigue et sa faiblesse », avant de tirer sur la sonnette d’alarme : « S’il n’est pas libéré, M. Gbagbo peut mourir, d’autant plus qu’il ne peut être adéquatement traité pendant sa détention. »
Quoi qu’il en soit, l’ex-président ivoirien reste combattif et déterminé à prouver son innocence, et surtout à mettre à nu le complot international dont il dit être victime. « Je suis là, et on va aller jusqu’au bout », avait-il déclaré devant la juge Silvia Alejandra Fernández de Gurmendi, lors de l’audience de confirmation des charges.
Notons que Laurent Gbagbo a connu la traque, la prison et l’exil sous la gouvernance de Félix Houphouët-Boigny dans les années 70 et 80. Emprisonné en compagnie de sa femme Simone Ehivet Gbagbo et de son fils Michel Gbagbo au début des années 90, il a toujours su retomber sur ses pieds avec un moral visiblement forgé à toutes épreuves. Alors qu’il a accédé à la présidence en 2000, il a connu une rébellion qui a fini par avoir raison de lui en 2011.
Mais, comme le dit un adage africain, « à l’épreuve du feu, tandis que le charbon se consume, l’or se purifie ». A chacun donc d’en juger, si Laurent Gbagbo est un « charbon » ou de l' »or ».