Le ministre du Commerce expliquait jeudi que l’interdiction émise par les États-Unis à l’endroit du fabricant chinois de matériel de télécommunication ZTE Corp a suscité les inquiétudes du marché quant à l’écosystème d’affaires et aux investissements américains.
La ZTE gate entre Chinois et Américains
Gao Feng, porte-parole du ministère chinois du Commerce, déclarait que la mesure prise contre ZTE porterait préjudice aux États-Unis. « Cette mesure vise la Chine, mais ce sont les États-Unis qui en souffriront les conséquences », avait-il affirmé lors d’une conférence de presse officielle.
Le ministre assurait en effet que les États-Unis allaient passer à côté d’opportunités de dizaines de milliers d’emplois et que des centaines d’entreprises américaines seraient touchées par cette mesure.
Selon Gao, cette décision est venue alimenter les inquiétudes concernant les investissements et le milieu des affaires américain : « Nous espérons que les États-Unis ne sont pas en train de jouer au plus intelligent, ils n’en tireraient que des résultats amers de leurs décisions. »
Pour répondre à ses exigences politiques, le département américain du Commerce a allégué une violation du droit administratif en matière d’exportation, et a ainsi refusé mardi à ZTE Corp les droits à l’exportation.
La mise en grade de Gao Feng aux États-Unis
« Les États-Unis se trompent s’ils essayent d’influer sur le développement de la Chine et tentent de la forcer à faire des concessions en s’accrochant au protectionnisme unilatéral, et ce au prix des intérêts des entreprises chinoises et américaines », s’est-il insurgé.
Il précise par ailleurs que la Chine ne veut pas voir l’Organisation Mondiale du Commerce faire marche arrière face au protectionnisme en laissant mettre en place des mesures abusives ou illégitimes. Les États-Unis ont en effet mis en place des mesures anti-dumping et anti-subvention contre les roues en acier chinoises ; ils ont également prétendu mercredi que les plaques d’alliages en aluminium à usage polyvalent en provenance de Chine auraient reçu des subventions du gouvernement.
Les réticences des États-Unis faces aux produits chinois
Les États-Unis ont initié jusqu’ici cinq enquêtes portant sur des mesures d’anti-dumping et de contrefaçons chinoises. Le nombre d’enquêtes ouvertes chaque année a sensiblement progressé. Il s’agit d’acier pour trois des cinq produits concernés.
Selon les statistiques américaines, ce sont 223 mesures compensatoires qui ont pris effet sur le territoire américain et qui, toutes, concernent l’acier ou des produits associées, soit plus de 50% des mesures compensatoires aux États-Unis.
Le ministère du Commerce a annoncé jeudi ses mesures préliminaires concernant l’anti-dumping, révélant notamment que le caoutchouc butyle halogéné en provenance des États-Unis, d’Europe et de Singapore est dumpé en Chine.
Selon le ministère, aucune négociation n’a débuté à ce jour au sujet des enquêtes de la section 301 et sur les listes tarifaires.
Thilo Hanemann, directeur de l’entreprise new-yorkaise Rhodium Group, a affirmé que les lobbyings ont déjà commencé à affecter les investissements bilatéraux entre la Chine et les États-Unis depuis 2017 et ce, au désavantage des priorités commerciales.
Selon une étude publiée ce mois-ci par le Rhodium Group, les investissements étrangers directs entre la Chine et les États-Unis ont chuté de 28% en 2017 par rapport à l’année précédente, atteignant 43,4 milliards de dollars, et ce en raison de dépenses chinoises plus faibles.
Selon, Hanemann, « il existe deux facteurs expliquant cette chute : les mesures de répression visant les investissements directs chinois commandés de façon erratiques et les contraintes réglementaires mises en place par les États-Unis qui ont engendrés différentes conséquences telles que des transactions plus lentes et plus compliquées à effectuer. »
(Source : Quotidien du Peuple)