La création du parti unifié n’est pas du goût de Gnamien Konan qui l’assimile au retour au parti unique. Pour l’ancien membre de cette coalition au pouvoir, les Ivoiriens devraient se lever pour faire barrière à cette organisation.
Le RHDP ou le recul de la démocratie, selon Gnamien Konan
À l’orée de la présidentielle de 2020, les membres de la coalition au pouvoir ont décidé de préserver leurs acquis. Pour ce faire, Alassane Ouattara du Rassemblement des républicains (RDR) et Henri Konan Bédié du Parti démocratique de Côte d’Ivoire se sont rencontrés, le 10 avril dernier, pour porter sur les fonts baptismaux le parti unifié dénommé Rassemblement des houphouétistes pour la démocratie et la paix (RHDP).
À l’issue de leur rencontre, les choses semblent quelque peu rentrées dans l’ordre quant à la cohésion entre les cadres de ces deux maillons essentiels de la majorité présidentielle. Quand bien même certaines voix discordantes s’élèvent au sein du vieux parti pour exiger une alternance en faveur d’un militant actif du PDCI en 2020 avant d’adhérer au parti unifié.
Quoi qu’il en soit, Gnamien Konan ne voit pas de bon oeil la consolidation de cette coalition au pouvoir. L’ex-président de l’Union pour la paix en Côte d’Ivoire (UPCI), ancien membre de ce groupement politique qui s’était d’ailleurs retranché au Golf Hôtel lors de la crise postélectorale, s’est insurgé contre ses anciens compagnons.
« Ça veut dire quoi le parti unifié ? », s’est interrogé l’ex-ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, avant d’ajouter : « C’est plutôt dire le retour au parti unique, à la pensée unique. Il faut arrêter le Rhdp. C’est une machine infernale qui va vous étouffer. Si les Ivoiriens ne se réveillent pas maintenant, ça va être infernal. Le Rhdp, c’est véritablement la machine contre la démocratie. »
Mais en quoi le RHDP serait-il un déni de démocratie ? Si la démocratie se définit par la loi du nombre, pourquoi se mettre ensemble pour constituer une majorité écrasante serait-il négatif ?
À y voir de près, l’ancien DG de la douane sous le président Laurent Gbagbo s’est résolument engagé dans des critiques tous azimuts depuis son limogeage de l’équipe gouvernementale en novembre 2016. Il fait cependant son mea culpa au sujet de sa participation au gouvernement d’Alassane Ouattara : « Bien sûr que je regrette, par amour pour mon pays, d’être resté si longtemps là. »
La démocratie est le pouvoir du peuple, par le peuple et pour le peuple. Si la coalition au pouvoir veut s’unir pour se pérenniser au pouvoir, il reviendra bien logiquement aux Ivoiriens de le sanctionner. Car, comme l’ancien président américain Abraham Lincoln : « On peut tromper une partie du peuple tout le temps, et tout le peuple une partie du temps, mais on ne peut pas tromper tout le peuple tout le temps. »