Bien plus que le poumon économique de la Côte d’Ivoire, Abidjan est également “la capitale de la beauté’’ où les femmes, les Abidjanaises, ne manquent pas d’imagination et d’originalité pour se faire belles et coquettes.
La créativité chez les femmes à Abidjan est parfois osée
Puisant dans le sens de l’humour reconnu des Ivoiriens, des coiffeuses ont attribué des noms aussi colorés qu’exotiques à des tresses et des coupes de cheveux à succès qui contribuent au charme chez les femmes.
Au grand marché de Marcory, considéré comme le principal laboratoire de ces créations capillaires, les femmes, même si “Abidjan est risqué’’, peuvent malgré tout se féliciter de la construction du “pont d’ADO (surnom du chef de l’Etat Alassane Ouattara)’’ reliant cette commune au quartier huppé de Cocody.
les autres, férues de la musique de “Rihanna’’ et n’ayant pas assez de “monnaie’’, opteront plutôt pour des “nattes libériennes’’. Attention toutefois à ne pas la prendre pour une “pétasse’’ au risque de susciter sa colère noire.
Pour les calmer, il vous faudra alors, soit faire preuve d’une fine diplomatie comme celle qui a abouti aux accords de paix de “Marcoussis’’, soit appeler au secours un proche, abonné comme vous au réseau téléphonique “Moov’’ ou simplement prier Dieu au son d’un chant chrétien d’adoration du chantre ivoirien Léon Guehi Glai, plus connu sous le nom d’artiste “Onel Mala’’.
Ces noms sont en fait des sobriquets donnés à différents styles de tresses et de coiffures qui sont prisées chez la gent féminine. Réalisées le plus souvent avec ajout de mèches synthétiques, elles se distinguent les unes des autres par la spécificité de leurs modèles respectifs, en fonction desquels un sobriquet leur est attribué.
Les femmes inspirées du vécu quotidien
“C’est nous les coiffeuses qui attribuons ces noms qui finissent par s’imposer à ces tresses’’, affirme Deborah Wesseh, tresseuse au marché de Marcory depuis 2007.
Une même coiffure peut avoir différents noms selon le lieu. A Yopougon, à l’ouest d’Abidjan d’Abidjan, on dira “Aya de Yopougon’’ pour une tresse appelée “Emergence’’ à Marcory.
Certaines coiffures portent ainsi des prénoms d’héroïnes de films comme “Aya de Yopougon’’, une bande dessinée réalisée par les Ivoiriens Marguerite Abouet et Clément Oubrerie et sorti en 2013, ou de stars de la musique comme l’Américaine “Rihanna’’ ou la Camerounaise “Lady Ponce’’.
D’autres sont inspirées des télénovelas à succès ou d’un événement ou slogan politique, ajoute Cédric Armand, coiffeur et tisseur, installé depuis sept ans au marché de Marcory.
« Marcoussis » a reçu son nom après la signature en janvier 2003 des accords de paix, en entre protagonistes de la crise militaro-politique, dont la Côte d’Ivoire était en proie.
“Onel Mala’’, qui n’est plus très en vogue en ce moment, exige du coiffeur pendant le tissage, de densifier la quantité de mèches à l’arrière de la tête, au point que celle-ci ressemble à s’y méprendre dans la forme à la boite crânienne du chanteur.
“Emergence’’ fait référence au slogan politique de M. Ouattara qui ambitionne de faire de la Côte d’Ivoire “un pays émergent’’ en 2020, au terme de son deuxième et dernier mandant.
Autant le nom d’une même coiffure peut varier selon la sphère géographique, autant le coût de réalisation n’est pas uniforme d’un salon à un autre. “Emergence coûte 6.000 FCFA chez moi si la cliente vient avec ses propres mèches mais 8.000 FCFA si je dois moi-même fournir les mèches’’, précise Deborah Wesseh.
Selon les femmes, la tresse la plus en vogue en ce moment est celle dite “relevée sur le côté’’.